mercredi 21 avril 2010

Evoluer ou disparaître comme des "Newsosaures"


Ce n'est pas un scoop, les journalistes ont tendance à déprimer en ce moment devant le clavier gris sale et l'écran blafard de leur ordinateur. Adieu reportages et longs voyages, notes de frais somptuaires, déjeuners et bouclage bien arrosés...C'est la crise coco ! On compte les crayons, il faut produire de la news en série sur "tous les écrans de votre vie" comme disait le visionnaire Jean-Marie Messier. Sans oublier de sortir le journal papier. Car ces bonnes vieilles rotatives tournent encore pour un lecteur qui se fait rare.
Les rangs sont également de plus en plus clairsemés dans les open space des salles de rédaction. Et ces crève la faim de pigistes sont désormais persona non grata. Alors on s'organise de manière Tayloriste en attendant l'heure des robots-journalistes. C'est le printemps, il fait beau dehors ? Ah bon. Dans les quotidiens parisiens on bronze au néon...pas moyen de prendre le soleil au prétexte de faire un micro-trottoir ou de couvrir une manif (sait-on jamais le joli mois de Mai approche). "On pisse de la copie comme des poulets en batterie", me disait récemment un confrère entre deux cachetons de Guronsan et de Tranxène. Mauvaise mine le confrère. Pas comme les gars de la télé...Mais enlevez leur le maquillage aux hommes troncs et aux super bimbos des chaînes d'info. Et vous verrez : c'est l'Enfer des Zombies cathodiques, comme dans un film de Romero !
La faute à qui tout ça ? "A la crise de la presse et à la concurrence des nouveaux médias numériques", ont répondu en substance 115 confrères exerçant dans 27 pays européens dans le cadre d' une enquête menée par Burson-Marsteller. Tu parles d'une nouvelle. Et d'un échantillon représentatif...Quant au fait que ce sondage soit mené par une agence de relations publiques et bien on dira que c'est assez symptomatique...C'est vrai, la profession n'a jamais été très douée pour l'introspection et l'auto-analyse objective. C'est bien connu les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés.
Mais bon regardons quand même de plus près les résultats de ce nouveau sondage Mediapocalyptique.

- Alors voilà: 81 % des journalistes interrogés confirment "subir des restrictions budgétaires"
Ah okay okay c'est pour cela qu'il n'y a plus que des Bic orange, pas de stabilo, et plus du tout de carnet de notes aux fournitures... Si ça continue on va devoir piquer des ramettes de papier A4 à l'assistante de direction. C'est ça ou les cahiers de nos mômes... Et mes abonnements à "FHM", aux "Introcks" et à "Sport illustrated" ils sont passés où ? Finito, Niente, Kaputt...Maintenant il faut tout justifier : Une note de frais ? Avec qui ? Pourquoi ? Où ? Le secret professionnel, la protection des sources...il ne connaît pas le mec de la compta. Résultat on ne peut plus déjeuner tranquille avec ses potes ou sa copine aux frais du journal. Dur, dur la crise. Un reportage à Las Vegas ou Tokyo ? "Mmmm pourquoi pas...c'est qui la boite qui t'invite ?", demande benoîtement le rédacteur en chef. Oui c'est sûr, pas évident dans ces conditions de "porter la plume dans la plaie", d'aller voir "derrière le miroir" comme disait l'autre. Mais bon à la guerre comme à la guerre : dites madame l'entreprise, on sera en business class au moins ? Il est 4 étoiles l'hôtel j'espère ?

- 28% des journalistes s'attendent à des réductions d'effectifs 
C'est sûr il ne fait pas un temps à mettre un journaleux dehors. C'est pourtant très tendance en ce moment. Un plan social par là, une clause de cession par ici, ou à défaut un licenciement économique sur mesure...Si même les grands quotidiens du soir sont menacés de dépôt de bilan faute de trouver 50 millions d'euros sous le paillasson, plus personne n'est à l'abri. Prenez mon pote Pedro (appelons le Pedro, il cherche du boulot). Une vingtaine d'années de carte de presse, dix ans dans un grand journal de la presse parisienne, un poste de rédac chef adjoint en presse magazine, c'est lui qui fait tourner la boutique pendant que son boss se la coule douce. Et puis un beau jour : "Dis donc Pedro tu veux venir dans mon bureau ? T'as vraiment fais du super boulot...mais là je ne vois pas bien ta place dans le futur organigramme rapport à la réorganisation du travail qui se prépare". Exit mon poteau, sur le marché aux esclaves à 45 ans passés. Trop vieux, trop cher, trop grande gueule...trop consciencieux aussi dans son travail (la vérification à plusieurs sources, la déontologie tout ça quoi...) quand il faut pisser à la seconde de la News numérisée sur tous les écrans fixe et mobile sans se poser trop de questions. Bref, pas le genre de profil qui se vend bien en ce moment chez les forçats de l'info.

- C'est sûr confirme l'enquête Burson Marsteller, 47 % des journalistes estiment qu'ils "ne peuvent plus se contenter d'être simple rédacteur" . Fini de se la couler douce à écrire un papier aux petits oignons : 41 % des sondés confirment "être devenus des multi-spécialistes et écrire plus d'un sujet par jour", 20 % se plaignent d'avoir moins de temps pour rédiger un article, moins de temps aussi pour explorer de nouveaux angles...Et 20 % toujours, regrettent de "devoir espacer leurs rendez-vous avec leurs sources". Au final, 27 % des sondés estiment que "le contexte actuel nuit à la qualité de leur travail"...
Bande de feignasses va ! Ce que cherchent les entreprises à produire de l'information (appelons les comme cela, ce ne sont plus des journaux), ce sont des "journalistes Shiva" (comme la divinité avec plein de bras), des mutants capables de tweeter une info en direct live, puis d'envoyer un "Exclusif" pour le site web du journal, avant de faire un "trois questions vidéo", puis de rentrer dare-dare à la rédaction pour faire un bon papier à valeur ajoutée, avec du recul et de l'analyse dedans. Tu as enfin fini ? C'est reparti pour un tour ! A ce rythme, si tu as plus de 50 ans et que tu clopes encore, tu es bon pour un aller direct chez le cardiologue avant de passer sur le billard comme mon copain Boris (appelons le Boris il cherche peut-être encore du travail le maso). Cela tombe bien : il faut faire de la place aux djeun's qui n'en veulent !

- Il faut dire que certains plumitifs "old school" ne se sont pas franchement mis à l'heure du grand chambardement digital, confirme le sondage Burson-Marsteller. "Pour 17 % des journalistes, les médias digitaux sont la plus grande menace qui pèsent sur les médias traditionnels"
La pire des menaces ? "Les blogs" pour 27 % des journalistes interrogés (les cons, ils n'ont rien compris), les nouvelles technologies de recherche de l'info (Google is Evil !) pour 14 % des sondés, Facebook et Twitter pour respectivement 13 % et 10 %. Hé oh les gars réveillez vous ! Gutenberg est mort il y a bientôt 600 ans et la Loi de Moore est passée par là. L'info se dématérialise et circule sur le réseau à la vitesse de la lumière pour atterrir sur des millions d'iPhone et bientôt d'iPad. Exit les rotatives, les bouclages à pas d'heure, l'encre qui tâche les doigts et le crissement du journal à l'heure du café...C'est comme ça. D'ailleurs ça ne fait ni chaud ni froid aux jeunes confrères qui produisent de la copie online comme à l'usine. Cela tombe bien, ce sont eux qui ont le profil pour la "newsroom" digitale de demain.


- Vous avez plus de 40 ans ? Vous n'êtes pas "plug and play" avec le nouveau système éditorial qui permet de mettre en ligne vos papiers sur tous les supports ? L'info en temps réel sur Twitter vous fait flipper et vous n'avez pas de blog ? Mauvaise(s) réponse(s) cher confrère : vous êtes le maillon faible ! C'est Darwinien : soit vous évoluez et vous vous adaptez à la grande mutation numérique, soit vous disparaissez avec les autres "Newsosaures" de la vieille presse
Heureusement qu'il y a Burson-Marsteller pour vous guider sur le chemin des nouvelles espèces ! Filiale du géant de la Pub WPP, notre agence de RP prend très au sérieux son rôle "d'accompagnement" des journalistes déboussolés par le grand chambardement digital : "Dans ce contexte, les agences doivent être encore plus vigilantes pour fournir aux journalistes des infos sur mesure, des angles originaux et pertinents, ainsi que toujours plus de contenus multimédias et digitaux (...) Chez Burson-Marsteller nous mettrons tout en oeuvre pour développer plus intensément notre partenariat avec les journalistes et les aider à répondre au mieux à cette nouvelles donne", peut-on lire en conclusion logique de l'enquête maison. 
Pas bégueules et toujours prêts à faire plaisir, 93 % des journalistes interrogés déclarent que "leur" agence de RP "joue un rôle clé dans leur quotidien", 47 % indiquent même avoir "intensifié leurs contacts avec les professionnels de la communication" et "18 % leurs témoignent "une confiance accrue"... 
Bizarre moi quand j'étais petit, on m'a appris au contraire qu'il fallait rester polis avec les pro de la com mais toujours garder respectueusement ses distances...Rien de personnel mais on ne fait pas le même métier. C'est ainsi depuis la nuit des temps journalistiques.

Que penseraient  nos amis Albert Londres et Hunter S. Thompson (des habitués de ce blog) de la tournure des évènements numériques dans les rédactions ? Que du mal bien sûr. Mais il parait que ces vieux cons appartiennent à une branche quasi-éteinte, car non rentable, de l'espèce journalistique. D'ailleurs au train où vont les choses, les derniers représentants de ce Rat Pack qui portait haut et fort les couleurs du récit et de reportage ne devraient pas survivre à l'avènement de l'homo numericus. C'est Darwinien puisqu'on vous le dit. En forçant à peine le trait, voilà ce que je lis ici ou ces derniers temps chez mes jeunes confrères "digital native" qui ont tout compris au journalisme de demain et veulent du papier (passé) faire table rase:  
"Arrêtez de nous emmerder avec vos vieilles histoires, le lecteur veut de la "short news" et des "data" sur tous les écrans !"...
Mais dites donc, le lecteur en question serait-il devenu totalement con, incapable de faire l'effort de lire plus de deux feuillets rapport à son "temps de cerveau disponible"?  Pour ma part, je pense au contraire que la presse est en train de mourir de son manque d'exigence, d'inventivité, de parti pris et de grain de folie journalistique ! Je l'ai déjà expliqué dans ce billet en  forme de plaidoyer pour le journalisme de récit et dans cet hommage au gonzo-style de Doc Thompson. Bon il est vrai que j'agite un peu le chiffon rouge avec ce genre de pronunciamento nostalgico-réac non dépourvu de mauvaise foi ;-). Mais que voulez vous, j'ai horreur du conformisme ambiant et de l'eau tiède objectiviste dans lequel baigne aujourd'hui le business de l'info...le lecteur aussi je crois.
Une chose est sûre, avec mes quelques amis dinosaures rescapés de l'ère Gutenberg, nous n'avons pas encore démissionné du clavier et nous sommes loin, très loin, d'avoir signé notre dernier papier, notre dernier billet... Et vous voulez un vrai scoop ? Le numérique ne nous fait pas du tout peur, c'est au contraire une opportunité historique de réinventer le journalisme, plein cadre ou hors cadre, avec de belles histoires, de la chair et de l'humain dedans. Ici et ailleurs, ici et maintenant !
J-C.F

14 commentaires:

  1. Olivier Cimelière21 avril 2010 à 15:45

    Un p'tit coup de déprime post-printanière Jean-Christophe ? Une éruption de cendres éditoriales pour ce nouveau post ?
    J'en conviens, c'est dur d'être journaliste aujourd'hui ! D'ailleurs je me demande comment j'aurais vécu cette période si j'avais continué à pratiquer ce joli et indispensable métier.
    Cecit dit, je reste convaincu que tout n'est pas perdu. Il y aura probablement des cadavres et des dégâts collatéraux mais les plus malins et les plus exigeants s'en sortiront et seront les "Le Monde" (ou autre, je ne suis pas sectaire!) de demain ... Le sillon tracé par Mediapart, Rue 89 est un premier élément de réponse. Certes, ils ne roulent pas sur l'or mais ils montrent que le journalisme peut encore se ré-inventer...
    Et puis pour te remonter le moral, voici les résultats d'une étude de l'agence Moody's sur la presse US. Le climat s'y améliore !
    http://www.cbnews.fr/articles/international/le-climat-s-ameliore-pour-la-presse-americaine
    Alors, si un nuage parvient bien à se transporter sur toute l'Europe, pourquoi un état d'esprit ne franchirait-il pas les océans éditoriaux ?

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  2. Merci pour ce commentaire sympa Olivier...et merci aussi de t'inquiéter pour mon moral. Je te rassure : je vais mieux que bien ! (comme disait Jean-Marie Messier à propos de Vivendi en 2002 ;-). En fait j'avais commencé ce billet un peu bancal avant de partir en vacances à Londres et j'en avais bien besoin il est vrai...ce n'est pas le meilleur que j'ai signé.
    Mais j'espère que le lecteur en retiendra surtout un certain degré d'auto-dérision tranquille. C'est vrai que je vois pas mal de copains journalistes se faire shooter en ce moment. Et la manière dont évolue le métier n'est pas vraiment satisfaisante pour qui a connu "l'avant" crise de la presse. Mais les faits sont là et ils sont têtus. Je pense aussi et surtout que le numérique nous offre une formidable opportunité d'explorer de nouvelles formes journalistiques et d'établir un contact inédit avec le lecteur. C'est ce que j'essaie de faire ici et sur Twitter avec un plaisir et un enthousiasme professionnel totalement inédit.
    A très vite donc pour de nouveaux échanges !
    JCF

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  3. "J'en conviens, c'est dur d'être journaliste aujourd'hui !", écrit Olivier Cimelière. Eh bien non, moi je pense que c'est une période incroyable puisqu'on est tous obligés de nous réinventer individuellement et collectivement. Je n'ai aucune envie de bosser comme il y a 15 ans ou + et j'espère bien bosser différemment dans 15 ans, si j'y suis encore. Le seul secret : arrêter de subir et de se lamenter. Bougez-vous!

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  4. Mouais... Encore faudrait-il pouvoir bouger... Il n'y pas que les grouillots de la copie qui ont du mal à se mettre à la "révolution numérique" (le progrès, quoi): beaucoup de petits et de grands chefs de service aussi, à la différence près que ceux-là sont persuadés d'avoir la science infuse et entrainent joyeusement tout le monde dans le mur. Le canard de PQR où je bosse (et c'est pas le pire) n'a jamais été aussi médiocre que depuis cette fameuse "crise de la presse": copinage à tous les étages, clientélisme éhonté, ligne éditoriale inexistante, proscription des sujets polémiques, armées de petits chefs laissés en roue libre... Pour conserver un seul abonné, on est capables de publier n'importe quoi. Et après, on s'étonne de ne plus être lus! Mais encore heureux, ce serait à désespérer du lectorat!
    En fait, j'en suis venu à être convaincu que la disparition définitive du papier (en tout cas pour la presse quotidienne, désormais inutile à mon sens) est la condition préalable à la renaissance de la profession. Ca permettrait peut-être enfin de tirer la chasse sur tous ces empilements de marronniers, de communiqués redigérés et d'éditoriaux prétentieux signés par des experts médiatiques en rien du tout, qui composent l'essentiel de nos journaux.

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  5. Quand vous aurez compris qu'il est extrêmement difficile d'acheter vos articles, même avec la meilleure volonté du monde, vous aurez fait un grand pas.

    Il est plus facile de dépenser 1000€ sur eBay que de dépenser 1,3 € pour un quotidien français.

    Après faut lire le pdf ce qui est sportif.

    Comment faut-il vous le dire?

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  6. C'est à la fois flippant et excitant ! Concernant ces deux mondes que sont la communication et le journalisme, je suis persuadé que l'idéal aujourd'hui est de coupler les deux expériences. Plus que jamais, les journalistes ont besoin de savoir vendre leur information.

    La vitesse à laquelle vont les choses nous oblige à abandonner certaines habitudes, mais c'est pour mieux avancer.

    Courage !

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  7. Pour une nouvelle affaire Dreyfus... Quel journaliste ? Quel intellectuel ?
    (j'accuse pas, je constate !)

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  8. Bonjour,
    Je ne sais pas si je dois me réjouir que vous citiez mon post récent ou me désespérer de ne pas parvenir à engager la conversation sur ce qui me semble être le problème majeur : la préférence des journaux français pour le commentaire et son manque de rigueur factuelle.

    Loin de moi l'idée de vouloir "expulser" les "anciens" du champ journalistique.

    Au contraire, l'expérience dont bénéficie toute une partie des rédactions me semble bien mal utilisée. Le problème n'est donc pas l'opposition articifielle "jeunes-technos" VS "anciens-dépassés", mais bien celui de la qualité de l'info produite.

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  9. Cher Theo
    Tout à fait prêt à engager la conversation, avec joie. Mais on ne parle pas de la même chose. Le journalisme français a une longue tradition de commentaire qui pour moi est tout à fait complementzirevet n'exclut pas la rigueur factuelle. Loin de moi l'idée s'opposer jeunes/vieux (je suis encore jeune !), web/papier. Je m'agace simplement de voir qu'en temps de crise, la profession perd ses reperes, se raccroche désespérément aux dernieres modes venues d'outre Atlantique (data journalisme: intéressant mais accessoire, ne se suffit pas à lui-même), se réfugie derrière une pseudo objectivité journalistique à l'anglo-saxonne qui n'existe pas (lisez vous le NYT ou Le Wash Post ? C'est plein de commentaires !). Et contrairement à ce qu'on dit, le lecteur a vireur de l'eau tiède, il veut du parti pris. Alors essayons au moins l'honnêteté dans la relation des faits, ce serait dejà bien.
    Sinon entièrement d'accord avec vous il faut utiliser toutes les générations dans les redac...mais ne soyons pas naïfs : aujourd'hui on privilégie les jeunes pas chers et plus maleables et l'on pousse dehors les vieux emmerdeurs bien payés. La qualité s'en ressent. Ça tombe bien l'eoque est au flux pour le flux, pas au récit, ni à l'enquête ni au reportage...autant de genres qui passionnaient le lecteur et le passionneront encore demain sur le web comme sur le papier, sur l'iPad comme ailleurs.
    Bien à vous
    JCF
    P.S : le succès des blogs montre que le lecteur veut aussi du commentaire pour s'informer, réfléchir, débattre ;-)

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  10. Désolé pour les coquilles ci-dessus...pas facile de poster un long commentaire sur le clavier d'un iPhone ;-)

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  11. En effet, nous ne parlons pas tout à fait de la même chose et je pense que nous ne sommes pas si loin d'être d'accord ;-)

    Sur la comparaison presse française-presse américaine. Je lis peu le Post, en revanche je lis le NYT, ainsi que Propublica et la CJR. Ni moins, ni plus, je n'ai donc pas une vue exhaustive. Mais pour ce que j'en lis, le niveau d'exigence sur les faits n'a rien de comparable avec ce qu'on produit en France. Pardon de vous faire un compliment (;-), mais Les Echos n'ont plus aucun rival sur le plan de la qualité de la retranscription de l'actualité en France. Les autres journaux sont devenus des magazines, très (trop selon moi éditorialisés).

    Il FAUT, évidemment, des espaces de commentaire et d'analyse (nos blogs l'illustrent bien mais ce ne sont pas les seuls moyens d'exprimer des points de vue).

    Mais ce que j'affirme, c'est que les quotidiens et les sites web masquent souvent la faiblesse et le manque de rigueur dans le travail de recueil de l'info par du commentaire, du jugement de valeur. Je travail pour de la presse spécialisée, et je peux vous assurer qu'il n'est pas un jour sans que mes confrères de la presse généralistes n'écrivent des choses fausses ou orientées sur des sujets complexes. Je le regrette.

    SUr le datajournalism, je vous suis quand vous dites que notre travail ne peut s'y résumer. Mais je vais un peu plus loin, en y voyant, une possibilité d'innover dans un secteur de la presse en crise d'innovation, justement.

    Quant aux RH dans la presse, nous en sommes restés à l'âge de pierre. Les "vieux" expérimentés ne sont plus utilisés, et les jeunes talentueux n'arrivent pas à se faire une place (si ce n'est en pigeant, ce qui est à mon avis un mode de gestion des RH à courte vue et contre-productif).

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  12. Les Echos, désolé de vous le dire c'est peanuts. Ne vaut rien par rapport à des recherches même laborieuses avec Google.

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  13. Le lectorat de la presse papier a vieilli, les journalistes aussi, c'est la vie. Le virage numérique on l'a vu arriver depuis longtemps mais personne n'a osé l'anticiper en France. La faute à qui ? A une génération de rédac chef qui étaient déjà dépassés ? Peu importe. Maintenant c'est trop tard pour pleurer et puis finalement faut juste se remettre un peu en question et rester à l'écoute pour se mettre à la page. Ce n'est pas juste une question d'outil ou de support web contre papier.

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  14. Atteignant le demi-siècle d’existence et le quart de siècle de carte de presse, je me sens concerné par ce billet. Forcément. D’autant qu’en cherchant bien, je dois y retrouver plusieurs fois mon profil : je réunis en effet dans un même corps un petit chef old school (d’une locale départementale en PQR en l’occurrence) le responsable du site internet du journal. Et même pendant qu’on y est l’animateur des profils Twitter et Facebook du même quotidien régional (l’un des quatre de France à afficher des chiffres de diffusion positifs depuis deux ans).
    Fort de cette schizophrénie (pas trop douloureuse, ça và), je voudrais apporter au débat les éclairages suivants :
    D’abord, il est faux de croire que le web est un concurrent du papier, les deux sont partenaires. Il m’a maintes fois été donné de constater que quand l’audience du site est bonne un jour, les ventes au numéro du journal sont bonnes le lendemain (je tiens des chiffres éloquents à la disposition de qui douterait). Pourquoi ? Parce que, ces jours là, l’actu est riche. Pas si bêtes, nos lecteurs se fichent complètement de la controverse des anciens et des modernes, et plus encore du spleen de la profession. Ce qu’ils veulent, quel que soit le support, c’est un contenu qui les intéresse.
    Plutôt que de nous interroger, hâves et mélancoliques devant le miroir, sur notre avenir, essayons de répondre, dans la joie et la bonne humeur si possible, aux attentes de notre lectorat. Pour çà, le web et les réseaux sociaux (enfin surtout Facebook où échangent nos lecteurs plutôt que Twitter, l’intranet des journalistes), sont des outils fantastiques que j’utilise au quotidien, y compris pour enrichir le contenu du papier.
    En se posant les bonnes questions et en utilisant les outils pour ce qu’ils sont, pas plus, pas moins, nous aurons une chance, pauvres Newsosaures blanchis sous le harnais de 25 ans de locale, d’atteindre une retraite qui s’éloigne un peu à chaque réforme plutôt que le Pôle emploi le plus proche…
    Amicalement
    Pascal
    PS : Oui, attaché au papier en général et à la PQR en particulier, j’aime le web et les blogs, au moins parce qu’on peut y écrire avec des phrases interminables et alambiquées que je censurerais férocement dans les colonnes du journal.

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