mercredi 31 mars 2010

Mon stagiaire est un mutant, il m'a trouvé sur Twitter

 
J'ai fait la connaissance de Christophe il y a quelques mois en m'abonnant à son compte Twitter : @FoireauxLiens. J'avais repéré ses tweets d'actu qui tombaient chaque jour avec la régularité maniaque d'un fil d'agence en faisant ma petite revue de presse matinale sur ce fameux site de micro-blogging où l'on poste des messages en 140 signes en y associant des liens internet. Twitter est devenu un outil de veille indispensable à mon métier de journaliste...voire une drogue dure, je vous en ai déjà parlé.  Alerté à deux ou trois reprises sur des "hot news" techno (la sortie imminente du GooglePhone par exemple) grâce au fil de Christophe, je me suis dit ce gars-là est un crack, une vraie moissonneuse à liens intéressants, une agence de presse à lui tout seul ! Sûrement l'un de ces jeunes journalistes Web aux dents longues qui sont en train de nous pousser, moi et mes copains quadras, vers le cimetière des éléphants de l'ère Gutenberg...
Je ne l'avais jamais rencontré "IRL" (In Real Life), juste quelques clins d'oeil échangés sur Twitter. Et voilà qu'un beau jour je reçois un "DM", un direct message de Christophe me demandant poliment si d'aventure il pourrait faire un stage dans mon service aux "Echos". Ah bon OK me dis-je, ce gars doit être étudiant en école de journalisme. Je lui demande son CV, références, stages déjà effectués blablabla...Un blanc au bout du fil... "Heu je suis en 3ème, mais je veux devenir journaliste...", me répond-il. Christophe a 15 ans, il vit en banlieue parisienne. Je manque de tomber de ma chaise, me ressaisis et  lui dis "OK coco tu as le job"...à savoir une semaine de stage conventionné. Certes, c'est la crise de la presse, on n'arrête pas le progrès, mais chez nous on ne fait pas encore dans le mineur menotté à son clavier pour pisser de la copie sur tous les supports...Mais tant qu'à faire, puisque je l'ai sous la main cette  semaine, autant l'exploiter un peu sur mon blog ! 

samedi 20 mars 2010

I wanna be a Gonzo journalist !

Hunter S. Thompson était au journalisme ce que Kerouac, Burroughs et Bukowski furent à la littérature et aux excès en tous genres. Comme son imposante biographie signée William McKeen sort ces jours-ci en français sous le titre "Journaliste et Hors la Loi" (critique à venir sur ce blog), je devrais en parler au présent.  Mais j'en parle au passé. Car Hunter Stockton Thompson s'est suicidé d'un coup de revolver dans la tête, le 20 février 2005, à Aspen Colorado. Il avait 67 ans et avait pris une retraite définitive - du monde et du journalisme - depuis des années déjà, déclarant ne plus rien vouloir produire "dans une nation dirigée par des porcs", l'Amérique des Bush Père & fils. J'en parle au passé aussi, parce que la conception du métier qu'il incarnait et a inventé - le "gonzo journalism" -  ce journalisme de récit littéraire, subjectif, sauvage et halluciné (pour en savoir plus allez faire un tour sur Gonzo.org) - est aujourd'hui en voie de disparition. Tout comme le journalisme d'investigation. Et en bonne partie pour les mêmes raisons.
Quel quotidien, quel magazine "sérieux" publierait un article commençant par ces lignes aujourd'hui ?
"Étranges souvenirs par cette nerveuse nuit à Las Vegas. Cinq ans après ? Six ? Ça fait l'effet d'une vie entière, ou au moins d'une Grande Époque — le genre de point culminant qui ne revient jamais. San Francisco autour de 1965 constituait un espace-temps tout à fait particulier où se trouver. Peut-être que ça signifiait quelque chose. Peut-être pas, à longue échéance... mais aucune explication, aucun mélange de mots ou de musique ou de souvenirs ne peut restituer le sens qu'on avait de se savoir là et vivant dans ce coin du temps et de l'univers. Quel qu'en ait été le sens..."
("Las Vegas Parano")

lundi 15 mars 2010

"Twitter est une drogue dure pour les journalistes"


"Est-ce que bloguer c'est tromper ?" : quand Nicolas Celic, lui-même blogueur et grand
utilisateur de Twitter m'a proposé une interview tournant autour de cette question à la Thierry Ardisson, j'ai accepté sans hésiter. L'occasion d'expliquer un peu mon travail de journaliste-blogueur et de faire un bilan après six mois d'expérience tout en évoquant l'impact des nouveaux médias sociaux sur mon métier. 
Twitter est en train de nous transformer en véritables junkies de l'info, bloguer c'est de l'esclavage consenti...Morceaux choisis de cet échange initialement publié sur le blog SmallTalk de l'agence 3D Communication.

Quel est l'impact des "nouveaux médias" (blogs, Twitter, agrégateurs etc...) sur vos habitudes de journaliste ?
L'explosion des médias sociaux et l'avènement de l'internet temps réel c'est avant tout une formidable accélération pour les journalistes : nous sommes soumis à une avalanche d'infos...ou d'intox qu'il faut analyser, hiérarchiser, classer, décider de traiter ou non. Avec Facebook, Twitter, les blogs tout le monde devient producteur ou relais d'informations : notre métier c'est plus que jamais faire le filtre, le médiateur pour raconter la bonne histoire, interagir avec les lecteurs qui risquent de perdre le fil et le sens de l'actualité. L'info sur le Net est terriblement redondante et en même temps on ne sait plus ou donner de la tête. Pour exister dans ce flux, le journaliste doit beaucoup plus qu'hier vérifier ce qu'on lui raconte, mieux angler ses papiers, soigner l'écriture, raconter l'histoire qu'on n'a pas vu ailleurs et bien sûr sortir de vraies infos. Avec le numérique qui fait de la presse une sidérurgie 2.0, l'imprimé qui devient peu à peu obsolète, le journalisme doit aussi faire sa révolution. C'est très Darwinien : évoluer, intégrer les nouvelles technologies ou mourir...

jeudi 11 mars 2010

Dans mon iPhone : Gorillaz et Massive Attack, la BO de la révolution 3.0

Bytes numériques, Beats rock et électroniques...Depuis ce billet sur le retour du bon vieux disque vinyle et celui-ci sur le legs synthétique de Kraftwerk, vous connaissez ma passion pour la musique dans tous ses états post-Elvis Presley. Et oui, avant de devenir journaliste aux "Echos", de jongler avec les résultats d'Apple et les cours du Nasdaq, "I was a teenage werewolf", "I was a punk rocker" comme chantaient en coeur les Cramps et les Ramones...Et l'écriture reste pour moi un pur moment de rock'n roll. Après tout, il y a bien un banquier fan des Clash, Mathieu Pigasse, qui partage son emploi du temps entre Lazard et "Les Inrockuptibles" qu'il vient de racheter. Enfin...la comparaison s'arrêtera là. Venons en plutôt aux faits.
Puisque le blog est un exercice totalement freestyle, j'ai décidé de vous faire partager de temps à autre mes coups de coeur musicaux du moment, les pépites sonores qui tournent à fond dans mon iPhone pour me donner l'énergie pure indispensable pour concilier ma double vie de journaliste et blogueur. Il y a une vraie logique à parler riff de guitares et samples électroniques sur un blog dédié à la convergence des technologies et des médias : avec l'explosion du téléchargement et des échanges de fichiers musicaux "peer to peer" au tournant des années 2000, la musique n'est pas pour rien dans la généralisation mainstream de l'usage d'internet par la jeune (et moins jeune) Génération X. Et elle continue à rythmer, jour après jour, la révolution numérique 3.0 que nous sommes en train de vivre dans nos baladeurs, smartphones et les réseaux sociaux...

lundi 8 mars 2010

Google ou le côté obscur de la Force ?


1 milliard de recherches par jour, 450.000 serveurs, 180 milliards de dollars de capitalisation boursière, 23,6 milliards de chiffre d'affaires, 6,5 milliards de profits...Google veut-il notre Bien comme l'affirme sa jolie devise "Don't Be Evil" ou la firme de Mountain View est-elle plus dangereuse aujourd'hui que Microsoft ne l'a jamais été ? On peut s'esbaudir légitimement devant la success-story de Google et l'efficacité de son formidable moteur de recherche qui a définitivement changé notre manière d'accéder à l'information sur Internet. J'utilise d'ailleurs pour ce blog l'interface Blogger mise au point par nos amis de Moutain View. Très efficace ;-) Google n'est peut-être pas cet ogre numérique qui veut copier-coller nos vies que l'on décrit ici ou là. Mais en sortant de son rôle initial pour investir tous azimuts dans les télécoms, les énergies vertes, la numérisation des livres et de la presse, le séquençage de l'ADN ou la cartographie-satellite de nos rues et de nos maisons, la gentille start-up de Mountain View commence à faire peur à tous ceux qui s'inquiètent de la protection des données privées et de  la constitution d'un éventuel monopole numérique sur le monde connecté.
Pour poursuivre le débat ouvert ci-dessous avec l'interview de l'auteur de "Google Spleen" Renaud Chareyre, voici une vidéo à charge made in YouTube (encore eux ;-) dénichée par mes amis de la Soucoupe, à voir donc aussi sur Owni. Un Petit film qui ferait presque passer Google pour L'Empire du Mal... ;-)
J-C.F

« L’objectif de Google n’est pas d’afficher l’information la plus pertinente »

Surprise ! Mon Ecran Radar s'ouvre à des contributions extérieures. Promis, juré, craché c'est bien plus l'envie d'offrir un espace Freestyle à d'autres journalistes/bloggeurs/Xperts qui motive cette décision qu'un mauvais prétexte pour ne pas vous livrer mon post hebdomadaire (Il arrive ce billet, il faut juste que je trouve le temps...et le bon sujet ;-) On commence donc ce nouvel exercice "open source" avec ma consoeur Solveig Godeluck, grande spécialiste de l'internet et des télécoms, qui signe ci-dessous une interview passionnante de Renaud Chareyre auteur de "Google Spleen", chez Interactive Labs. Cet essai sans concessions s'emploie à démonter la légende "Don't be Evil" servie par Google pour mettre à jour le véritable objet de LA FIRME : le Business avec un grand B...avec en prime le risque d'un super-monopole "digne d'une économie planifiée".

INTERVIEWRenaud Chareyre, auteur de 
« Google Spleen. La tentation de la désinformation »

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre très critique sur Google  ? 
J’ai créé il y a quelques années Woxxo, un site de mise en relation de prestataires pour des projets dans le domaine d’Internet, de l’informatique et de la communication. A partir de 2003, nous sommes devenus un gros consommateur d’Adwords, la régie publicitaire en ligne de Google. Pour mémoire, Adwords permet aux annonceurs de faire apparaître leur adresse Web en regard des résultats d’une recherche effectuée avec le moteur Google  : ce sont les fameux « liens sponsorisés », destinés à mieux cibler la publicité.  Au début, nous avons bénéficié d’un fort retour sur investissement. Le taux de conversion, c’est-à-dire le nombre d’internautes qui après avoir cliqué sur notre annonce décidaient d’utiliser notre service, était très élevé.  Puis à partir de 2005, l’efficacité commerciale de notre campagne sur Adwords s’est franchement dégradée. Nous avons essayé de comprendre ce qui se passait. Conclusion  : en toutes circonstances, c’est Google qui décide d’afficher ou non vos annonces, selon ses propres critères qui n’ont rien à voir avec ceux de ses clients.

mercredi 3 mars 2010

Chatroulette, anatomie d'un buzz exhibitionniste ordinaire


 
"Un jour chacun aura droit à son quart d'heure de gloire" prophétisait Andy Warhol en 1968... Fasciné par le potentiel de la télévision en tant qu'accélérateur de popularité ordinaire, le Pape du Pop-Art aurait sans aucun doute adoré Chatroulette !  Cette monstrueuse création d'un jeune programmeur russe de 17 ans, Andreï Ternovsky, pousse en effet la logique wharolienne encore plus loin en donnant vraiment à N'IMPORTE QUI la possibilité de s'offrir une petite minute de célébrité undergound. 
On ne parle que de "ça" sur Twitter depuis trois semaines et bien qu'en retard d'un bon train numérique à l'heure de l'internet en temps réel, je me devais de commettre un billet sur LE phénomène du moment. Alors pour ceux - les plus de 25 ans ou les techno-refuzniks - qui n'auraient jamais entendu parler de Chatroulette, voilà en résumé en quoi consiste l'objet du délire : en se connectant sur ce site au design minimaliste, tout internaute lambda disposant d'une webcam se retrouve en contact visuel avec l'un de ses congénères connecté quelque part sur la planète Terre, suivant le principe de la roulette russe. Jeu de hasard = effet de surprise garanti...le plus souvent pour le pire. Car l'anonymat est la règle sur Chatroulette. Là où Warhol donnait dans le conceptuel surréaliste soporifique en filmant pendant 45 minutes un quidam dégustant un champignon hallucinogène dans son film "Eat", certains adeptes de Chatroulette font plutôt dans l'exhibitionnisme gras qui tâche.