Hier, à voir Frédéric Mitterrand contraint de venir s'expliquer au 20 heures de la Une sur sa "mauvaise vie" - des relations sexuelles tarifées avec des garçons en Thaïlande, qu'il avait racontées dans un beau et douloureux livre en forme de rédemption - le malaise était grand. Et d'autres images tout aussi dérangeantes se téléscopaient : celles de Dominique Baudis, livide et transpirant, venu lui aussi à télé-confessionnal, un certain 18 mai 2003, parler de son "affaire" pour se défendre devant la France entière. L'ancien maire de Toulouse et président du CSA avait souffert le martyre cathodique pour convaincre qu'il n'était pas un adepte de parties "fines" sordides, allant jusqu'au viol et au meurtre !
Ce 8 octobre 2009, face à Laurence Ferrari et plus de 8 millions de téléspectateurs, Frédéric Mitterrand était tout aussi marqué par l'épreuve de la "calomnie et de l'amalgame" (ce sont ses mots). Mais dans l'émotion et la dignité, il l'a incontestablement emporté face aux corbeaux qui l'ont accusé de pédophilie pour son soutien - passionné mais fort imprudent - au cinéaste Roman Polanski (lui même accusé d'avoir eu une relation avec une mineure de 13 ans il y a 30 ans). Sans avoir sans doute lu la moindre page de son livre... On pensait à ce moment là à Daniel Cohen-Bendit, désigné lui aussi en direct à la vindicte publique comme "pédophile" en pleine campagne électorale par un François Bayrou, ridiculement inquisiteur. Là encore pour des écrits totalement sortis de leur contexte. Et l'on se prenait à espérer que, comme dans l'affaire Cohen-Bendit, la cabale médiatique se retourne contre les Tartuffes du moment : du Front National moribond cherchant désespérément à se refaire une santé sur ses thèmes habituels et nauséabonds, à ceux des Socialistes qui se sont déshonorés en criant avec les loups de l'ordre moral. Oui le tourisme sexuel n'est pas chose glorieuse, mais tout le monde à quelque part sa part d'ombre. Et l'écrivain Frédéric Mitterrand avait déjà eu le courage de s'en confesser, sans s'absoudre totalement. Non, même s'il gène maintenant plus qu'hier dans les rangs conservateurs de l'UMP, l'homme public Frédéric Mitterrand n'a pas du tout l'intention de démissionner de son poste de ministre de la Culture et de la Communication. Et c'est tant mieux.
Mais par delà le bien et le mal, on peut maintenant s'inquiéter à l'idée de voir et revoir encore et encore le petit écran s'ériger en juge suprême dans d'autres "affaires". Accusé face caméra vous avez intérêt à être convaincant en prime-time...ou c'est la condamnation cathodique en direct. La télévision, cette inconséquente "folle du logis" (comme l'appelle le sociologue des médias Dominique Wolton) fait de chacun d'entre nous de biens médiocres juges de canapé. Alors la prochaine fois qu'un homme ou une femme doit se justifier dans notre salon éteignons le poste. Et laissons faire la vraie justice si vraiment affaire il y a. Sinon attendons nous à ce que la télé nous propose bientôt au quotidien des séances d'autocritique stalinienne, revues et corrigées à l'aune écoeurante de la télé-réalité.
JCF
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