lundi 12 octobre 2009

Amaury retrouve subitement le sens du fair-play face au "Quotidien du Foot"


"On ne bouge pas"...C'est la consigne de Marie-Odile Amaury à ses troupes face à l'arrivée du "Quotidien du Foot", un nouveau journal sportif qui tente sa chance en kiosques ce mardi 13 octobre sur le terrain de "L'Equipe". A l'initiative de ce lancement, l'éditeur Robert Lafont ("Entreprendre", "Célébrité", "Le Foot"...) qui promet "un journal vraiment conçu pour les passionnés de ballon rond avec de l’info et de l’investigation". Avec 24 pages tout quadri et un positionnement "100 % foot", le nouveau venu qui sera vendu 95 centimes d'euros - comme "L'Equipe" en semaine - ne doute de rien : il vise 60.000 à 80.000 exemplaires là où "L'Equipe" en vend encore, bon an mal an, plus de 300.000. Des lecteurs que Robert Lafont compte bien aller chercher quelque part...notamment chez les habitués du grand quotidien sportif.  
"La sortie du Quotidien du foot dans le réseau NMPP est un énènement face au monopole de L'Equipe dans la presse sportive", claironne d'ailleurs crânement le communiqué de Lafont Presse. Une vraie provocation à l'intention du groupe Amaury, plutôt chatouilleux habituellement quand on vient manger dans son assiette.


Mais cette fois, la maison Amaury a décidé de la jouer "total Fair-Play". Pas question de monter un commando "T-10" (pour "Tuer le 10 Sport") comme cela avait été le cas il y a tout juste un an lorsque le puissant groupe de presse avait lancé ex-nihilo un quotidien baptisé "Aujourd'hui Sport" spécialement conçu pour protéger "L'Equipe" et  mettre hors-jeu le journal "low-cost" de Michel Moulin. L'opération pilotée par une équipe du "Parisien-Aujourd'hui en France" avait été un succés puisque "Le 10 Sport" avait jeté l'éponge au printemps, préférant se replier sur un rythme hebdomadaire après six mois de parution quotidienne. Les deux titres à 50 centimes d'euros s'étaient proprement neutralisés, ne dépassant pas les 30.000 exemplaires chacun. Mission remplie, le groupe Amaury avait tranquillement fermé "Aujourd'hui Sport" à la veille de l'été, comme il l'avait prévu depuis le début...
Problème, le promoteur du "10 Sport", Michel Moulin ne s'est pas laissé faire : il a saisi l'Autorité de la Concurrence, plainte à l'appui au titre de l'article L 422 du Code du commerce pour "entrave à la libre concurrence". L'ancien conseiller sportif du PSG dénonce l'anti-jeu d'Amaury et des pratiques méritant selon lui un carton rouge : notamment un couplage publicitaire entre "Le Parisien", "L'Equipe" et "Aujourd'hui Sport" qui aurait abouti à un effet d'éviction du "10" auprès des annonceurs...ou encore une mauvaise mise en place de son journal dans les "Relay" du groupe Lagardère, actionnaire à 25 % du groupe Amaury. Des accusations suffisamment prises au sérieux par le gendarme de la concurrence pour que ce dernier lance, le 19 mai dernier, une série de perquisitions simultanées dans les bureaux du "Parisien", de "L'Equipe" et d'"Aujourd'hui Sport". Les incorruptibles débarquant dans une salle de rédaction pour fouiller dans les emails et les disques durs ? Une quasi-première dans l'histoire de la presse française. Depuis c'est silence radio du côté de la rue de l'Echelle : l'Autorité de la Concurrence, qui vient de boucler sa phase d'instruction de quatre mois, a commencé à mener une série d'auditions contradictoires auprès du plaignant Michel Moulin et des dirigeants d'Amaury (notamment le directeur général du "Parisien" Jean Hornain qui pilotait le projet "Aujourd'hui Sport). Et elle se donne maintenant jusqu'au printemps prochain pour rendre son avis : si au final, elle constate des coups au dessous de la ceinture, Amaury risque une forte amende... On comprend mieux pourquoi le puissant groupe de presse a subitement retrouvé l'esprit sportif ! "L'Equipe" avait pourtant dans ses cartons une version tabloïde susceptible d'être réactivée sur un positionnement foot en complément du grand journal "multisports"... Bref, si "Le Quotidien du Foot" ne trouve pas son public alors qu'il va pouvoir jouer en libero c'est qu'il n'y a vraiment pas de place pour un deuxième quotidien sportif en France !
Jean-Christophe Féraud

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