samedi 11 décembre 2010

Et si Wikileaks ouvrait l'ère des Zones Autonomes d'Information ?

Julian Assange n'est sans doute pas le Messie que tous les contestataires de l'AlterNet attendaient. Et Wikileaks n'est peut-être pas cette "Agence de renseignement du peuple"  idyllique rêvée par son mystérieux et très warholien fondateur.Mais il est peut-être de ces hommes rares qui  accidentent l'Histoire et changent son cours en agissant comme un agent du Chaos créateur d'une réalité inenvisageable jusque-là: j'ai nommé les fameuses "Zones d'Autonomie Temporaire" (TAZ en VO abrégée) théorisées dès 1985 par le penseur cyberpunk, philosophe, poète et piratologue Hakim Bey dans "TAZ", un ouvrage évidemment libre de droit sur Internet et régulièrement actualisé depuis .
De quoi s'agit-il exactement ? 
"La TAZ est comme une insurrection sans engagement direct contre l'Etat, une opération de guérilla qui libère une zone (de terrain, de temps, d'imagination) puis se dissout, avant que l'Etat ne l'écrase, pour se reformer ailleurs dans le temps ou l'espace". 
Ce concept de "Zone Autonome Temporaire" a été rendu visible, de manière festive par les Rave et Free Party du mouvement techno. Et de la plus mauvaise manière, par les Black Blocks : ces militants "Autonomes" cagoulés et entièrement vétus de noir qui profitent de manifestations a priori pacifistes (anti-nucléaire, anti-G8, anti-OTAN...) pour "libérer" une zone de rue en affrontant (très) violemment la police. Des actions qui n'ont jamais reçu, à ma connaissance le soutien d'Hakim Bey, pour qui seule "la technologie libérée de tout contrôle politique rendrait possible tout un monde de zones autonomes". Dans "TAZ", écrit avant l'avènement du Web...et de Wikileaks, il estimait toutefois que "pour le moment ce concept reste de la science-fiction, de la spéculation pure"
Mais la récente publication par Wikileaks des 250.000 notes révélant les dessous de la  diplomatie américaine, après celle des "warlogs" irakiens et afghans et de leur lot de bavures commises par l'US Army (voir ce billet et la vidéo "collateral murder") a matérialisé l'utopie "TAZ" en l'appliquant au champ de l'informationEt ce à une échelle planétaire. Pour la toute première fois dans l'histoire, un messager venu de l'underNet a dicté son agenda à l'ensemble des médias du monde entier! 

On a vu les cinq plus grands journaux - le "New York Times", le "Guardian", le "Spiegel", "Le Monde" et "El Pais" - se rendre docilement à l'oracle Wikileaks et mobiliser leurs rédactions pour disséquer cette énorme masse de documents. Et la machine folle du village global médiatique s'est emballée, tournant en boucle sur tous les écrans, sur toutes rotatives autour des révélations de ces notes diplomatiques: du jugement de l'administration yankee sur notre Nicolas Sarkozy national "frénétique", "impulsif" et "pro-américain" à l'inquiétante coopération nucléaire ultra-secrète entre la Birmanie et la Corée du Nord tout y passe. 
UN 11 SEPTEMBRE DE L'INFORMATION
Il s'agit d'un évènement considérable dans l'histoire du journalisme, même si certains sceptiques professionnels ne voient pas de vrais scoops dans ces câbles diplomatiques...sans percevoir la portée symbolique et historique de cette formidable mise en lumière des coulisses de l'Empire américain. Jamais un tel volume de documents secrets n'avait fuité. Le Word Wide Web a rendu possible le rêve d'Hakim Bey en "libérant"une "Zone Autonome Temporaire d'Information" à l'échelle de la Terre ! Pour paraphraser Franco Frattini, le ministre italien des affaires étrangères, qui avait parlé lui de "11 septembre diplomatique" à propos du "CableGate", Wikileaks a déclenché un véritable "11 septembre de l'information". Avec la mise en lumière planétaire des coulisses de l'Empire américain rendue possible par les "hacktivistes" de Wikileaks et leur maîtrise du Réseau, plus rien ne sera comme avant. Pour s'en convaincre, il suffit de naviguer, fasciné, halluciné, dans les arcanes de ces câbles en se servant par exemple de la très efficace application du "Guardian" ou des StateLogs de notre chère soucoupe hexagonale Owni qui avait été choisie par Wikileaks pour mettre au point l'application des WarLogs irakiens.
Qui est Hakim Bey ? Hakim Bey est un pseudonyme venant de l'Ottoman "Juge". Il s'agit en fait sans doute d'une identité virtuelle partagée par son créateur, Peter Lamborn Wilson et d'autres théoriciens de la même mouvance anarchisante ontologique.  Il existe très peu de photos de cet américain né en 1945, qui aurait vécu en Inde, en Afghanistan et en Iran dans les années 60-70, avant de revenir vivre discrètement aux Etats-Unis dans une petite maison près de New-York. Plus que tout autre, Hakim Lamborn Bey, quel que soit son vrai nom, est un adepte du "pour être subversif et heureux vivons caché"...même s'il a évidemment "logé" depuis longtemps par le FBI, la CIA et tout ce que l'appareil fédéral américain compte de services policiers. Il est en tous cas devenu, bien avant Assange et Internet, l'un des héros de la contre-culture à tendance anarchisante et surtout des "Hackers" en remettant au goût du jour le mythe des utopies pirates des XVIIème et XVIIIème siècles avec ce fameux brûlot nommé "TAZ".  Des clowns pacifistes des manifs alter à Derrida en passant par Marilyn Manson, tout le monde l'a lu comme l'explique cet excellent numéro de "Tracks" sur Arte:


Mais revenons à Assange. La violente réaction de l'Empire américain et de ses affidés aux fuites massives  de documents politico-militaires sensibles organisées ces derniers mois par Wikileaks est en train d'en faire un Martyr de La Cause informationnelle. Et ce totalement en marge de sa récente arrestation en Angleterre dans le cadre d'une sombre affaire de viol requalifiée  depuis en "sexe par surprise" par la justice suédoise (affaire que nous laisserons de côté ici par prudence vis à vis d'un éventuel crime...ou inversement coup tordu, et bien sûr par respect de la présomption d'innocence).
Expulsion des serveurs d'Amazon qui hébergeait le site; fermeture des moyens de paiement Paypal, Visa, Mastercard qui permettaient aux internautes de le soutenir financièrement; campagne de dénigrement haineuse contre le "cyberterroriste" allant jusqu'aux appels au meurtre; montée au créneau du choeur bêlant des vieux médias dénonçant l'irresponsabilité d'Assange sur le thème "Wikileaks c'est la Stasi en pire" (Catherine Nay sur Europe 1)...On n'avait pas vu pareil déchainement ne reposant pour l'heure sur aucune base légale. La liberté de l'information est en effet un droit fondamental garanti par le 1er amendement de la Constitution Américaine en ces termes: : "Le Congrès ne fera aucune loi (...) restreignant la liberté d'expression, la liberté de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement et d'adresser à l'État des pétitions pour obtenir réparation de torts subis".

L'EMPIRE EST PRIS DE PANIQUE

Si la chasse à l'homme a presque été à la hauteur de celle d'Oussama Ben Laden (médiatiquement s'entend), si la réaction a été aussi violente, c'est peut-être que l'Empire est soudain pris de panique. Et si le nouvel ordre libéral et financier mondialisé organisé autour de la puissance américaine était en train de perdre le contrôle de l'information jusque-là assuré par ses pseudopodes que sont les grandes groupes de médias ? Et si la "Zone Autonome Temporaire d'Information" devenait permanente ? C'est en tous cas la thèse  et l'espoir qui agite et excite tout ce que la planète compte de militants altermondialistes et anarchistes,  guerilleros-hacktivistes de l'internet, partisans de la transparence contre le secret d'Etat,  ou simples défenseurs de la libre circulation des idées et des informations sur le Réseau. Mais pour  Hakim Bey, "le monde chaviré parvient toujours à se redresser". Comme l'avait prévu notre prophète anarchiste dans sa prose inimitable, "le choc frontal avec l'Etat terminal, l'Etat de l'informatoon méga-entrepreneurial, l'empire du Spectacle et de la Simulation" est voué à l'échec. "Frappez et Fuyez. Déplacez la tribu entière, même s'il ne s'agit que de données sur le Réseau", professe la "TAZ". Wikileaks a frappé, il s'agit maintenant de disparaître "pour se reformer ailleurs dans le temps et dans l'espace".

"DU TOCSIN A LA TOXINE"
C'est précisément ce qui est en train de se passer.  Avec le Web, "le slogan Révolution est passé du tocsin à la toxine" comme le prévoyait Hakim Bey. A la fermeture des serveurs de Wikileaks aux Etats-Unis, le site répond par une myriade d'autres serveurs disséminés aux quatre coins de la Planète. Aux tentatives de museler Wikeleaks, l'Internet libre répond par des cyberattaques coordonnées par le mouvement spontex des Anonymous et une multitude de sites miroirs que nous pouvons visualiser ici en temps réel. En France, "Libération" a décidé d'héberger lui aussi un miroir. Et à l'échelle du monde, une pétition a été lancée sur le Réseau pour soutenir Wikileaks sur le thème "stoppez la répression": elle a déjà dépassé 500.000 signatures en quelques heures et vise le million ce week-end du 11 décembre.Et les vengeurs masqués que sont les Anonymous  sont en train de changer de stratégie : ils appellent maintenant la communauté des internautes à fouiller dans les centaines de milliers de documents diplomatiques et militaires mis en ligne par Wikileaks pour y dénicher des secrets qui n'auraient pas encore été exploités par les grands journaux. Une opération de "crowdsourcing" baptisée "LeakSpin" expliquée ci-dessous dans un communiqué authentifié posté sur YouTube:

Slogan des Anonymous:  "We are Anonymous, We are Legion, We don't Forgive"... Bref, il semblerait bien que la Zone Autonome Temporaire d'Information créée par Wikileaks devienne PERMANENTE, que la "TAZ" imaginée par Hakim Bey existe effectivement dans "cette marge d'erreur créée par l'Empire" : à savoir le Web.  "Babylone prend aujourd'hui ses abstractions pour des réalités", dirait notre cyberprophète que l'on a hâte de lire sur le sujet. 
Quant à Julian Assange, qui attend de savoir s'il sera extradé en Suède, il est désormais sans doute hors d'état de "nuire" au monde "civilisé" même s'il y a peu de chances qu'il atterrisse dans une geôle américaine. Mais il a  sans doute changé pour toujours le paradigme de l'information: des millions d'internautes-citoyens demandent désormais légitimement que la TRANSPARENCE soit faite sur les agissements des Etats, des Entreprises et des grands de ce monde, bref l'accès à L'INFORMATION au nom de la DEMOCRATIE, et ce en marge des MEDIAS "officiels". Bientôt, on entendra peut-être le slogan "Nous sommes tous Julian Assange" (à condition que l'intéressé soit lavé de tout soupçon de viols). Pour moi c'est sûr, Assange a du lire Hakim Bey. Mais il  avait du méditer aussi cette phrase  folle de Nietzsche pour préparer sa relève : "Je viens en tant que Dionysos victorieux qui va mettre le monde en vacances mais je n'ai pas beaucoup de temps".
Jean-Christophe Féraud 



15 commentaires:

  1. Intéressant. Une question cependant. Ces documents diplomatiques sont régulièrement déclassifiés. Après une dizaine d'années aux US et un peu plus en France. Des demandes peuvent être effectuées si besoin, comme lors d'enquêtes parlementaires. Tous les jours les US divulguent donc des milliers de "cable" sur le NEt. J'en ai donné l'adresse sur Twitter (cherchez dans @ZaraA). Des journalistes sont spécialisés dans l'étude de ces documents. Récemment Naomi Klein a basé "Choc" son dernier livre sur ces publications. Comme me le rappelait @sergefaubert récemment, un journaliste Francais est aussi un spécialiste de ce genre de recherches.
    Pourquoi ces doucement sont ils déclassifiés ? Pour une raison très simple : le consensus démocratique a jugé que la diplomatie, l'Etat devait avoir droit à une zone d'ombre pour bien fonctionner - cette question fait l'objet de débats encore d'ailleurs, notamment aux US. Pas sans contrôle des citoyens, car s'applique ici la représentation citoyenne, celle qui régit les grandes institutions de nos démocratie, que sont les chambres du parlement et du Sénat. Il est vrai que certains documents ne sont jamais déclassifiés, car ils sont dits top secret ou relevant du secret défense. Wikileaks ne fait pas mieux en la matière.
    Bref, ce fonctionnement de nos instituions est le fruit de la démocratie représentative. Le secret des affaires diplomatiques est une conséquence du consensus démocratique.
    A cet aune, Wikileaks ne l'est pas. On peut même qualifier cette fuite de a-démocratique, d'un strict point de vue légale. Et il faut le 1er amendement de la constitution américaine pour protéger ses auteurs. L'aspect nihiliste de cette action se révèle dans cette posture de la "transparence". Qui est, et là je quitte les précautions, totalement fausse. Les "cable" ne sont qu'une partie des échanges de la diplomatie US. Ils sont parcellaires et certainement en grande partie invalidés par une enquête plus approfondie - ce qui est pour moi le point central de cette histoire. Wikileaks n'est pas une défi du data journalisme, mais un défi aux Medias. Car ils n'ont pas la capacité de mener une enquête sur chacune des affirmations de ces "cable", et sont contraint "trop vite" de les valider comme étant une "vérité" alors qu'ils ne sont qu'un son dans une mélodie inconnue ou presque.
    Pour revenir au défi démocratique que pose Wikileaks. Doit on, revenir sur le consensus qui accepte que certains organes de nos institutions travaillent dans le secret ? Au nom d'une transparence et d'un contrôle direct des citoyens ? Je n'ai pas la réponse. Mais je sais pour les avoir un peu étudiés que les sociologues ne sont pas très favorables à une démocratie sans "partis", sans système de représentation. Le contre pouvoir ne peut être dans les mains d'une entreprise, un site, un conglomérat, un CAC, qui ne tire pas sa légitimité de la démocratie élective.
    Wikileaks doit s'y soumettre aussi. Ce qui n'est absolument pas le cas. Tout au contraire, on assiste à une hystérisation de la situation actuelle des peuples et des gouvernements. Ou chacun a certainement sa part de responsabilité d'ailleurs.

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  2. @Jean-Christophe : ça aurait été intéressant de comparer avec le mouvement lancé par Richard Matthew Stallman.

    @Emmanuel : pas faux.

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  3. Tain... High level.

    Je n'aime pas le principe de Wilileaks même si je reconnais que ton billet me fait percevoir les choses autrement.Je reconnais l'interet de la zone autonome temporaire et ce que je prefere c'est le dernier mot. :p

    Mais je me reconnais beaucoup plus ds le commentaire de Zaraa.
    Bravo à tous les deux, c'était intéressant.

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  4. @ZaraA Un "consensus démocratique" ne vaut que s'il est renouvelé en permanence. Le fonctionnement actuel d'un éventuel consensus démocratique dans lequel nous vivrions est vide de sens, en témoigne le nihilisme du Système (guerres pour amener la démocratie, exploitation éhontée des 3/4 de l'humanité pour le confort occidental, etc.) et le malaise général devant ce cirque.

    La panique déclenchée par le cablegate (mesurée à la réaction contre Assange) ne vient pas du contenu des cables, mais de la révélation brute du décalage entre un idéal professé à destination des naïfs que nous sommes tous à un point ou un autre et de la réalité d'un fonctionnement d'élites tout entier tournées vers leur propre satisfaction _contre_ le bien commun. La démocratie élective actuelle se révèle simplement comme non-démocratique.

    Bref, parler de consensus démocratique et de zones d'ombres nécessaires est un discours tout théorique peu pertinent pour comprendre les soubressauts d'un système est en train de s'écrouler.

    PS : dire que "Les cables [sont] certainement en grande partie invalidés par une enquête plus approfondie" ne veut rien dire : les cables sont ce qu'ils sont, à savoir des rapports de diplomates US, ni plus ni moins.

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  5. Je ne connaissais pas le nom de "TAZ" - Pour moi Wikileaks n'a pas été un 11 septembre de l'information mais a plutôt mis à l'épreuve toutes les capacités et principe même d'internet - créé à la base comme un réseau d'information sans noyau et donc non controlable qui resisterai à une attaque - le réseau a tenu ses promesses ! pour l'instant !

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  6. We kill X
    Wikileaks est devenu votre seconde planète.
    Vous y construisez des palais, vous vous enrichissez sans délai et vous communiquez entre vous sans difficulté.
    Tout y est accessible, mais sous le mode virtuel : le pouvoir, le sexe ou l’argent… tout y est virtuel.
    Vos amours n’ont plus rien de réel.
    Vos liens sont imaginaires.
    Et vous-mêmes, qu’êtes-vous devenus ?
    Des numéros ? Des pseudos ! Des antihéros.
    Ne faites pas cette tête, Wikileaks est un jeu. Rien qu’un jeu !
    Mais ne le jouez pas… si vous n’êtes pas capables de jouer avec le feu.
    http://www.tueursnet.com/index.php?journal=WekillX

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  7. Moi ce qui m'étonne, c'est de voir généralement aussi peu d'allusion à la TAZ dans la noosphère alors que ses principes y sont omniprésent.
    Cependant si l'on fait le lien entre la TAZ et l'hétérotopie de Foucault, voir encore l'inservitude volontaire de Gori, on remarque qu'un lieu imaginaire qui devient un temps réel (cf une cabane d'enfant) tient plus du désir de celui qui porte ce lieu en lui que d'une quelconque concrétisation spatiale ou temporelle.
    Ainsi si l'on regarde l'aventure de la TAZ à la loupe, on voit surtout un prétexte à la « propaglandouille anarchoïde » au point que Hakim Bey lui même à jugé nécessaire de préciser à ses moussaillons que l'utopie pirate n'existe qu'en mer sur son bateau et que l'envisager une fois amarré ne crée que des zones de non-droits.
    Ainsi si Julian Assange a lu Hakim Bey, il aurait dû lire aussi la conclusion du maître himself sur son aventure de la TAZ, ça lui aurait évité bien des écueils. Je cite parce que je trouve ça très vrai :
    «Ecrire sans que personne ne te lise véritablement est déprimant.Se heurter à un mur de méfiance est tragique. Mais avoir des lecteurs trop facilement influençables est la pire chose qui soit. Ces lecteurs s'imaginent qu'il suffit de lire et de répéter comme des perroquets les formules les plus étranges ; leur véritable désir est en fait d'obéir à quelqu'un, de lire avec les yeux d'un autre, de se soumettre à l'autorité du "maître". Fascisme de perroquet.»

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  8. j'aime la façon d'agir de wikileaks même si elle n'est pas recommandable.Mais au moins il y a eu par son action le dévoilement des sombres activités de la diplomatie des puissances.Et mon souhait est que de tels révélations soient faites sur la france et ses anciennes colonies afin que l'afirque de la zone franc cfa soit libre politiquement et economiquement.

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  9. C'est le genre d'article dont le contenu édifie (je ne savais pas grand-chose de Hakim Bey) et que les commentaires enrichissent. Merci à tous.

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  10. je crois que tout cet appel au concept de transparence repose en fait sur une méconnaissance profonde de la distinction conceptuelle ou le concept de transparence apparait comme pouvant ètre le moyen d'une critique légitime.
    Il suffit de lire benjamin Constant la liberté des anciens et des modernes pour voir que la critique de la transparence vise en fait à protéger des incursions de l'état un domaine privé ( la liberté des modernes consistant,dans un premier raccourci à écarter la vie du citoyen de l'intervention et du souci de l'état)et c'est très exactement dans ce sens que la critique de la tranparence appartient à la pensée libérale(politique)depuis le 19 eme et même ensuite à travers Orwell.
    Or ce qui nous interesse ici c'est que justement l'Etat n'est pas une personne privée.Il faut justement comprendre que la critique de la transparence est justement destiné à protéger l'individu de l'extension et du souci de l'état et non à protéger l'état devant l'individu.IL faut ètre soit très ignorant soit très mahonnète pour retourneer contre les individus la critique qui est censé les protéger.A moins évidemment de se situer dans le cadre de la liberté antique et dee considérer que l'homme libre est non pas l'homme du privé mais l'homme du public ,le citoyen actif mais dans ce cas la tranparence est au contraire une exigence fondamentale de la citoyenneté.Donc que l'on s'y prenne d'un coté comme de l'autre tout cette évocation de la transparence est malhonnète
    marc Thibault
    professeur de philosophie Bourges

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  11. Je trouve tout à fait intéressant le dernier commentaire qui rejoint une réflexion que je m'était faite sur le syllogisme évident dans le terme de "totalitarisme de la transparence" s'agissant des Etats :

    - Etre transparent vis à vis d'un Etat est signe de totalitarisme (abus contre vie privée)

    - On ne souhaite pas aux autres ce que l'on ne souhaite pas pour soi

    - Il ne faut donc pas souhaiter la transparence totale des Etats au risque d'être totalitaire

    Le biais ? Un Etat et un individu ne bénéficient pas des mêmes attributs, ni des mêmes droits. Les Etats sont des entités abstraites pour qui la notion de vie privée est vide de sens. Ils sont au service des individus qui doivent connaître leur fonctionnement.

    Un abus de cette connaissance peut sans doute être inefficace, mais ce n'est en rien un totalitarisme.

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  12. La distinction entre "protéger l'individu de l'état" et "protéger l'état de l'individu" est très importante, et la notion de transparence tient effectivemment une place centrale.

    Comme illustration, on peut prendre les travaux de Freud (fin XIXème - début XXe). A l'époque, il voyait dans l'excès de refoulement la cause de la névrose, l'instance qu'il fallait alors combattre était le Surmoi. Autrement dit, la société souffrait du "non-dit".

    Aujourd'hui lorsqu'on observe les psychopathologies, notamment au travers des méthodologies de l'évaluation (contrôle de l'état sur l'individu), on remarque que l'instance à combattre serait plutôt le Moi idéal (à l'origine un stade de l'évolution du Moi définitif et "lieu du fantasme héroïque" qui peu a peu dans le développement affectif de l'enfant cède la place à un idéal du Moi beaucoup plus modéré.

    Or on remarque que ces méthodologies de l'évaluation, dont le principe est de placer l'individu dans un rôle de mètre étalon de ses propres objectifs à atteindre, exacerbent ce Moi idéal (normalement en sommeil à nos âges). Nous serions alors individuellement pris dans une logique de la surenchère permanente, où du "non-dit" nous serions passé à une sorte de "trop-dit", (cf JC-Milner l'"illimité", la "Loi" et le "Contrat").

    Finalement Wikileaks n'est qu'une illustration suffisamment bruyante et visible pour illustrer un mécanisme général à l'œuvre dans les réseaux sociaux et la société en général (France Télécom en particulier).

    Du coup ce que je crois lire entre les lignes, c'est que chacun ceux qui dans la bipartition devraient jouer un rôle de "contre-pouvoir" reprennent à leur propre compte, dans leurs moyens d'action, leurs modalités d'organisation, ce qui est justement entrain de nous gangréner, et ce en parfaite ignorance (voir déni) de ce qu'est la gangrène... Normal nous sommes devenus des héros (ou des Surhommes pour le propriétaire de ce blog qui semble apprécier le penseur à la moustache broussailleuse :-) )

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  13. Pour le "marketing" de l'idée

    Des "Zones Autonomes Permanentes et Partagées d'Information Non Gouvernementale " ==> les Zapping

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  14. appelez-moi 01 42 38 99 42.
    Je sténodactylographe !
    A bientôt
    Mireille GERU

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