Pensez-donc : à mi-chemin entre l'iPhone, les fameux "readers" et le mini-mac, l'ardoise électronique d'Apple qui sera commercialisée dès la fin mars aux Etats-Unis et sans doute en Europe permettra de lire la presse en version numérique avec un confort inégalé : format plus agréable grâce à un écran trois à quatre fois plus grand que celui de l'iPhone, affichage en couleur (quand le Kindle d'Amazon est encore noir et blanc), possibilité de "feuilleter" son journal, de voir des vidéos associées aux articles...le tout "anywhere, anytime" puisque le nouveau joujou de la firme à la pomme pourra se connecter à internet en Wifi et en "3G", et qu'il tiendra dans un sac à main. Le prix est bien inférieur à ce qu'on imaginait : 499 dollars pour le modèle 16Go, 599 dollars pour le 32 Go...on est loin des 800 voire 1000 dollars sur lesquels la blogosphère spéculait. Le forfait données est à l'avenant : 29,99 dollars pour l'internet illimité chez ATT !
Mais voyez plutôt cette démo officielle de l'iPad ci-dessous :
Mais voyez plutôt cette démo officielle de l'iPad ci-dessous :
Devant tant d'atouts et comme hypnotisée par le Buzz qu'a créé Apple autour de sa Tablette, la presse déboussolée pense enfin tenir sa "killer application" : le terminal ultime pour convaincre l'internaute de "payer pour voir", alors que la culture de la gratuité s'est imposée massivement sur le Web pour les News.
Personne n'a oublié comment la firme à la pomme a littéralement a sauvé des eaux l'industrie de la musique. En 2003, quand Apple a lancé l'iPod et son magasin en ligne iTunes, les majors du disque étaient sur le point de succomber aux assauts des bataillons de pirates ordinaires formés par les internautes convertis au téléchargement en "peer to peer". Depuis, elles ont vendus 8,5 milliards de chansons dématérialisées sur iTunes qui est devenu le premier disquaire au monde. En reversant une légère dîme d'environ 5 à 10 centimes sur chaque morceau vendu 99 centimes d'euros. Apple s'en contente car la firme fait son beurre sur les iPod et les iPhone (21 millions et 8,7 millions écoulées rien que sur le dernier trimestre 2009 !).
C'est ce modèle qui suscite le fol espoir des patrons de presse qui sont prêts, sans problème, à lâcher 10 centimes à Apple pour un journal en ligne qui serait vendu moins de 1 euro sur la Tablette. Et pour cause, si la presse se dématérialise à terme comme la musique, elle fera l'économie du papier, des rotatives et des coûts de distribution qui représentent aujourd'hui près de 70 % du prix de vente d'un quotidien.
Personne n'a oublié comment la firme à la pomme a littéralement a sauvé des eaux l'industrie de la musique. En 2003, quand Apple a lancé l'iPod et son magasin en ligne iTunes, les majors du disque étaient sur le point de succomber aux assauts des bataillons de pirates ordinaires formés par les internautes convertis au téléchargement en "peer to peer". Depuis, elles ont vendus 8,5 milliards de chansons dématérialisées sur iTunes qui est devenu le premier disquaire au monde. En reversant une légère dîme d'environ 5 à 10 centimes sur chaque morceau vendu 99 centimes d'euros. Apple s'en contente car la firme fait son beurre sur les iPod et les iPhone (21 millions et 8,7 millions écoulées rien que sur le dernier trimestre 2009 !).
C'est ce modèle qui suscite le fol espoir des patrons de presse qui sont prêts, sans problème, à lâcher 10 centimes à Apple pour un journal en ligne qui serait vendu moins de 1 euro sur la Tablette. Et pour cause, si la presse se dématérialise à terme comme la musique, elle fera l'économie du papier, des rotatives et des coûts de distribution qui représentent aujourd'hui près de 70 % du prix de vente d'un quotidien.
Dans ces conditions, la presse est prête à signer comme un seul homme avec Apple qui a d'ailleurs annoncé des accords avec le "New York Times" et les grands éditeurs de magazines américains qui se sont alliés pour la circonstance (Time, Condé Nast, Hearst...). Les journaux sont d'autant plus prêts à se jeter dans les bras d'Apple qu'ils ont vu avec inquiétude le très souriant Boss d'Amazon, Jeff Bezos, tenter de leur imposer une clé de répartition totalement disproportionnée : je prends 70 % des abonnements souscrits à votre quotidien sur le Kindle et je vous laisse royalement un pourboire de 30 %. Inacceptable...sauf quand on voit ses recettes publicitaires s'écrouler de 25 % et sa diffusion fondre de 10 % en moyenne comme ça a été le cas en 2009 pour la plupart des titres. On comprend mieux pourquoi la presse unanime s'est prise de passion pour la Tablette en relayant quasi-hystériquement le Buzz orchestré par Apple autour de son nouveau produit...
Mais attention à l'effet de Panurge. Avant la Sainte Tablette, la presse a déjà beaucoup erré en cherchant son berger de l'ère numérique.
Gratuit ou payant sur Internet et les smartphones ? Course à l'audience mal rémunérée par les annonceurs ou fastidieuse chasse à l'abonné en ligne ? Boycotter Google, taxer Microsoft...ou inversement ? Pour les patrons de journaux du monde entier qui ont perdu le Nord, le magnat des médias Rupert Murdoch était devenu une véritable boussole. Problème, le propriétaire (entre autres) du "Wall Street Journal" et du "Times" de Londres s'est comporté lui-même en vraie girouette, tournant en tous sens dans l'espoir de trouver le bon cap. "Citizen Murdoch" a d'abord décrété la gratuité quasi-totale pour le site internet du "WSJ" lorsqu'il a racheté le grand quotidien d'affaires américaine en 2007. Puis il s'est convaincu quelques mois plus tard - quand la bise publicitaire fut venue - que l'avenir était au péage... Avant de se mettre en tête de faire payer à Google et/ou Bing (le moteur de Microsoft) le référencement des milliers d'articles produits quotidiennement par son empire de presse.
Comme des moutons, des centaines de journaux à travers le monde ont suivi le mouvement : un pas en avant, deux pas en arrière. Ou inversement. Récemment on a ainsi vu "L'Express" partir bille en tête sur un modèle de kiosque payant avant de stopper toutes les machines. Les études ont semble-t-il rappelé aux dirigeants de l'hebdo que quelle que soit la qualité des articles, il était difficile, voir impossible de faire payer une information généraliste disponible gratuitement et en quantité industrielle sur Google News. Et il y a fort parier que "Le Figaro", qui a annoncé son passage au payant pour 2010, risque au final de faire le même pas de deux. Car jusqu'ici seuls les grands quotidiens économiques et financiers comme le "Wall Street Journal", le "Financial Times" ou "Les Echos" (et ce n'est pas parce que j'y travaille) sont parvenus à monétiser en ligne leurs informations dites "à valeur ajoutée". Le FT.com a ainsi conquis 121.000 abonnés qui payent entre 186 et 363 euros par an pour lire en ligne le journal de la City. Résultat : 33 millions d'euros de chiffre d'affaires internet. De quoi faire rêver plus d'un éditeur...mais n'est pas le "FT" qui veut.
Comme des moutons, des centaines de journaux à travers le monde ont suivi le mouvement : un pas en avant, deux pas en arrière. Ou inversement. Récemment on a ainsi vu "L'Express" partir bille en tête sur un modèle de kiosque payant avant de stopper toutes les machines. Les études ont semble-t-il rappelé aux dirigeants de l'hebdo que quelle que soit la qualité des articles, il était difficile, voir impossible de faire payer une information généraliste disponible gratuitement et en quantité industrielle sur Google News. Et il y a fort parier que "Le Figaro", qui a annoncé son passage au payant pour 2010, risque au final de faire le même pas de deux. Car jusqu'ici seuls les grands quotidiens économiques et financiers comme le "Wall Street Journal", le "Financial Times" ou "Les Echos" (et ce n'est pas parce que j'y travaille) sont parvenus à monétiser en ligne leurs informations dites "à valeur ajoutée". Le FT.com a ainsi conquis 121.000 abonnés qui payent entre 186 et 363 euros par an pour lire en ligne le journal de la City. Résultat : 33 millions d'euros de chiffre d'affaires internet. De quoi faire rêver plus d'un éditeur...mais n'est pas le "FT" qui veut.
Alors l'iPad d'Apple arrivera-t-elle à faire boire un âne qui n'a pas soif ? A convaincre enfin le lecteur 2.0 qui n'achète plus de journaux en kiosques qu'il faudra bien payer pour les lire online ? Le grand "New York Times" a l'air d'y croire : jusqu'ici gratuit sur Internet, il a décidé de passer au payant...mais pas avant 2011, date à laquelle on saura si la Sainte Tablette s'est vendue comme des petits pains. Bref, Apple n'a pas intérêt à décevoir tant d'attente sans quoi la presse énamourée pourrait bien se retourner méchamment contre la Pomme...
Jean-Christophe Féraud Tweet
Et le papier électronique dans tout ça ? Ne serait-pas la solution parfaite pour les entreprises de presse ?
RépondreSupprimerLe plus grand défi pour les éditeurs de presse sera surtout de convaincre une génération (à laquelle j'appartiens) qui a grandi avec la gratuité. Je n'ai du acheté Le Monde que 4 ou 5 fois dans ma vie. Par contre, je lis tous les jours les articles sur le site.
RépondreSupprimerCeci étant dit, pour des contenus qui diffèrent des autres (Mediapart et ses enquêtes ou Courrier International avec pas mal de services associés), je suis abonné. Le problème est que les médias dits traditionnels se sont principalement contentés de copier coller leurs articles sur leur site internet. Pas de plus-value et donc on ne paye pas.
Qu'ils commencent par offrir un vrai plus-produit sur Internet, et peut-être les internautes se décideront-ils à payer... Les faits d'actu, comme vous le dites dans votre billet, seront accessibles ailleurs. Sur 20 Minutes (qui a un très bon site!), sur Le Post, sur Google News... Les grands quotidiens et hebdos doivent mettre en avant leur savoir-faire et aller au delà de la simple reprise de dépêche ou de l'analyse (disponible sur les blogs...).
Beaucoup de bon sens, de réalisme dans ton post. Je trouve qu'Apple met un espèce de gros coup de pied au *** dans le milieu de la presse et leur demande de se bouger. Car si Apple fournit les outils, seule la presse devra faire ensuite l'effort de s'adapter. Elle rechigne a se laisser aspirer par le monstre Google, espérons qu'elle rechignera moins pour investir dans un support où le contenu peut réellement être valorisé.
RépondreSupprimerAprès, gratuit/payant, c'est une autre histoire.
Merci à tous pour ces commentaires sympas et intéressants.
RépondreSupprimerCe qui m'agace dans cette histoire c'est le fait que la presse doive aujourd'hui s'en remettre à Apple pour espérer trouver un modèle économique viable. Cela fait dix ans que l'on sait que le papier appartient au passé et que l'avenir et au numérique. Mais les journaux ont fait preuve d'une incroyable inertie. J'aurais aimé voir un front commun de la presse française, une sainte alliance pour proposer à Apple un kiosque numérique et négocier en meilleure position. C'est qu'on fait les grands groupes de magazines américains (Time, Hearst, Conde Nast...) pour monter sur l'iPad.
Idem vis à vis de Google : si l'on veut obtenir une juste rémunération pour les contenus repris sur Google News, il faudrait construire un vrai rapport de forces...mais les journaux français ont la mauvaise habitude de se tirer dans les pattes et d'aller à la bataille en ordre dispersé.
Maintenant c'est vrai que l'iPad est peut-être une formidable opportunité pour la presse de monétiser enfin ses contenus sur internet.
JCF
>> Ce qui m'agace dans cette histoire c'est le fait que la presse doive aujourd'hui s'en remettre à Apple pour espérer trouver un modèle économique viable
RépondreSupprimerCe n'est sans doute pas un hasard.
Apple est un acteur extérieur, qui propose une solution qui peut satisfaire plus ou moins tout le monde sans impliquer ou mettre en avant quelqu'un du "milieu" en particulier.
Apple est en somme un média-teur ;-)
LOVAMA.
N'oublions pas que les abonnés à plus de 100 euros/an du "Wall Street Journal", du "Financial Times" et même des "Echos" sont rarement des individus et le plus souvent des entreprises. C'est un détail mais qui a son importance dans ta démonstration : oui, les pros ont besoin d'infos, surtout quand elle leur permet de s'informer sur les marchés et donc de gagner de l'argent : eux achèteront toujours, ce n'est pas eux le problème.
RépondreSupprimerEn revanche, que peut-on vendre aux gens en plus de l'info qu'ils se sont déjà habitués à picorer gratuitement ici et là? Une part de plaisir dans une forme de narration différente? Là, sans doute, l'iPad a son rôle à jouer, mais il restera marginal.
Je pense qu'à côté de l'info "hot" il faudrait juste penser un jour à réhabiliter la bonne grosse investigation à l'ancienne. Celle qui coûte cher, qui fait prendre des risques, mais qui c'est sûr apporte de la vraie "valeur ajoutée" aux esprits curieux, qui fait avancer (un peu) les choses. Je reste bêtement persuadée que ça pourrait marcher, sur iPad ou sur papier-Q.
Ou alors la curiosité est morte?
Un dodo en proie au doute.
Hi greatt reading your post
RépondreSupprimer