Baptisé "Nexus One" - voir l'épisode précédent - ce supposé "iPhone killer" est fabriqué par le taïwanais HTC suivant les spécifications de la firme californienne. Proposé d'abord sur le marché américain, il embarquera Androïd, le système d'exploitation pour mobiles de Google, avec un magasin offrant 30.000 applications parmi lesquelles les "must-have" de la maison : YouTube, GoogleEarth, Gmail... Objectif : rivaliser avec le fameux téléphone à tout faire de la firme à la pomme, son AppStore et ses 100.000 applications grand public. Ce n'est pas gagné au vu du design assez banal de l'engin (voir photo non contractuelle ci-dessous) et sachant qu'Apple a déjà vendu plus de 35 millions d'iPhone dans le monde.
Mais dans la blogosphère, la rumeur qui a précédé le "Nexus One" est plutôt flatteuse : selon le site américain EnGadget qui a pu tester l'engin, le premier téléphone siglé Google est une réussite. Plus fin, plus léger et plus véloce (avec un processeur d'1 GHz contre 0,6 GHz pour le smartphone d'Apple) que l'iPhone, il embarque aussi un meilleur appareil photo (5 megapixels contre 3 megapixels). Bref, le Nexus serait presque à la hauteur de son grand concurrent, tant sur le plan de l'ergonomie que des fonctionnalités. Ce qui est déjà un exploit en soi. Mais son écran tactile serait moins performant que celui d'Apple. Voilà un petit aperçu de ses possibilités dans la démo pirate ci-dessous qui a bizarrement atterri sur YouTube il y a quelques jours (un peu de buzz ne peut pas faire de mal avant un gros lancement commercial n'est-ce pas ?)
Jusque-là, Google n'était présent sur le marché du mobile que via son OS Androïd qui fait notamment tourner les récents téléphones HTC Hero ou Motorola Droid. Une percée plutôt modeste puisqu'Androïd n'est présent aujourd'hui que dans 3,5 % des smartphones aux Etats-Unis selon ComScore, alors que l'OS d'Apple - Safari - trusterait près de la moitié du marché grâce au seul iPhone. Mais les choses pourraient changer avec ce "Nexus One" qui devrait être vendu directement aux consommateurs par Google entre 180 dollars (avec abonnement et subventionné par l'opérateur T-Mobile) et 530 dollars (non subventionné). Car tout lasse le consommateur en quête perpétuelle de nouveautés, même l'iPhone 3GS. Et c'est un fait, Google bénéficie d'une formidable image de marque, même si cette incursion dans le hardware est une première pour le géant de l'internet.
C'est donc une véritable guerre des mondes qui s'annonce...entre deux monstres sacrés qui, jusque-là n'étaient pas faits pour se rencontrer. Depuis dix ans, chacun régnait sur sa rente, sans la moindre zone de friction : Google s'était assuré une domination sans partage sur le marché de la publicité en ligne, tandis qu'Apple avait imposé sa dîme à l'industrie de la musique avec l'iPod et son magasin iTunes. A l'occasion, les deux voisins californiens - qui se regardaient avec sympathie - pouvaient même se retrouver à Washington pour une opération de lobbying anti-Microsoft. C'est bien connu les ennemis de mes amis sont mes ennemis.
Mais l'iPhone a totalement rebattu les cartes en déplaçant la valeur de l'ordinateur vers le téléphone. Cette fois l'enjeu du conflit n'est plus le contrôle du bon vieux PC de bureau connecté au réseau de manière statique, mais celui du "smartphone" qui a définitivement libéré l'internaute de ses chaînes sédentaires. Avant l'iPhone qui a été le premier terminal a exploiter pleinement les possibilités de la "3G", l'internet mobile était un passe-temps réservé aux Geeks, aux cadres accros aux push-mail sur Blackberry, ou aux vrais masochistes : connexions pour le moins hasardeuses, temps de chargement désespérants, ergonomie de navigation à revoir, écran riquiqui et non tactile...il fallait vraiment le vouloir pour se connecter dans le métro ou ailleurs. Et l'iPhone est apparu, a été imité et répliqué sans jamais être égalé, et le consommateur a parlé : selon IDC, la planète mobile compte aujourd'hui 500 millions d'internautes conectés via un smartphone et ce chiffre va doubler d’ici à 2013, à plus d’un milliard de mobinautes ! Autant de clients que l'on peut bombarder de pub "anywhere, anytime", prêts à acheter en ligne n'importe où, n'importe quand, n'importe comment... De Nokia à Samsung, tous les grands fabricants se sont mis au téléphone "intelligent". Sans jamais inquiéter le joujou d'Apple. Et voilà maintenant que Google s'y met...
Mais le duel au sommet qui s'annonce entre Google et Apple pourrait se dérouler aussi sur d'autres fronts. Alors que les Applemaniaques attendent religieusement pour le mois de mars la fameuse Tablet qui serait baptisée "iSlate" - voir ma dernière chronique - la rumeur internet prête maintenant à Google l'intention de lancer un terminal rival ! Selon Mashable, cette "GoogleTablet" - ou quel que soi son nom - serait là encore fabriquée par le taïwanais HTC et elle embarquerait le système Chrome OS développé par la firme pour les netbooks. Cette nouvelle offensive de Google contre Apple serait des plus logiques car le marché des mini-pc et/ou lecteurs numériques à écran numérique s'annonce comme la prochaine frontière de la high-tech grand public.
A ma gauche, le numéro un mondial de la recherche sur Internet : au moins 22 milliards de dollars de chiffre d'affaires attendus pour 2009, un trésor de guerre équivalent, et une capitalisation boursière de 212 milliards de dollars (plus que General Electrics !). A ma droite, l'inventeur du Mac, de l'iPod et de l'iPhone : 25,9 milliards de dollars de chiffre d'affaires au dernier relevé de compteur et toujours plus de 190 milliards à la pesée sur le Nasdaq... Le choc des titans de la high-tech s'annonce des plus excitants. Alors le "gentil" Google croquera-t-il (un peu) la Pomme ? Donnons nous rendez-vous au nouvel an 2011 pour un début de réponse...
Jean-Christophe Féraud
Accessoirement, c'est ma 30ème chronique depuis le lancement de ce blog fin septembre 2009 et la première de cette nouvelle année.
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Le design, c'est bien mais il ne faut pas oublier le contenu. Hors une partie non négligeable du contenu de l'iPhone est réalisé par Google (maps, recherche,...). Et dors et déjà, il semble que Nexus One offre des fonctionnalités non présentes sur l'iPhone principalement autour de la reconnaissance (de type Shazam mais en plus large: barcodes,...)
RépondreSupprimerTu as raison c'est tout l'enjeu de la bataille qui s'annonce entre Google et Apple : qui proposera les applications les plus sexy, les plus attractives ? Pour l'heure on a plus de 100.000 Apps sur l'AppleStore qui ont été téléchargées 3 milliards de fois (!) contre 30.000 sur l'Android Market... Mais Apple à deux ans d'avance et Google met des bouchées de double pour refaire son retard. Avec sa puissance de feu et son capital sympathie-notoriété auprès des internautes, c'est jouable pour Google...sauf si Apple nous sort un nouvel iPhone qui creuse à nouveau l'écart. La rumeur annonce déjà une 3ème génération d'iPhone pour septembre... Belle bagarre en vue : ce qui se joue c'est qui contrôlera demain le business de l'internet mobile et donc de l'internet tout court !
RépondreSupprimerSans compter la maîtrise de la vente... Google semble rencontrer quelques problèmes avec les utilisateurs...
RépondreSupprimerBref, on ne s'improvise pas fabricant, tout n°1 que l'on soit...
Sans oublier que Google ne doit son capital sympathie auprès des internautes qu'à sa participation à des projets openource, et à la gratuité de ses services.
RépondreSupprimerOn aborde désormais un tout nouveau domaine, bien différent du B2B, et qui va réserver à Google bien des surprises. Le client de la rue est bavard, tecknophobe le plus souvent, et bientôt vont pulluler sur les forum des commentaires du type. "pouha, ce téléphone c'est du caca, il marche même pas ! remboursez !! "
L'étiquette de big brother entache déjà la réputation de Google, d'ici peu de temps, cette échec (du moins si il y a échec, mais je le pense) dans l'économie "réelle" va fragiliser un peu plus ce géant au pied d'argile.
Cela a déjà commencé, et le comble, c'est que Microsoft va bientôt faire figure d'enfant sage du "grand méchant capitalisme". On croit rêver en entendant des commentaires au sujet de "bing", qui ressemble étrangement aux commentaires d'une époque ou Yahoo rêgnait sans partage sur le net, et où naissait un nain de la recherche prénommé Google.