J'ai écrit ce texte un peu barge, ce pronunciamiento gonzo, à la demande de mon camarade blogueur Chacaille. Ce cher Frater Guillaume d'outre-Léman, qui défend la figure du "Moine reporter bénévole", lance avec ses amis suisses une fière Trirème baptisée "Ithaque". Un journal au long cours, non-profit et citoyen, qui entend aller "moins vite plus loin". Avec de la chair et de l'humanité dedans, du récit, du reportage, des idées et de la BD...Le premier numéro de cet ovni journalistique et littéraire sort des presses. Vous pouvez vous y abonner ici sans peur d'être déçus. C'est beau, c'est gonzo. Je suis fier d'être de l'aventure ! Voici donc en guise de Teaser ce Manifeste des Barbares de l'Info qui sera en Der du numéro 1 et que je brûlais de publier envers et contre l'Internet "civilisé" (et le journalisme qui va avec). Surtout après la farce grotesque de l'eG8 organisée à Paris par l'Histrion à talonnettes de l'Elysée...
JCF
NOUS SOMMES LES BARBARES DE L'INFO
Pour commencer, nous croyons aux Dieux de l'Information et de la technologie au nom du Libre Partage du savoir. Nous pensons toujours que la compréhension de l'actualité et de l'histoire en train de se faire est un facteur indispensable d'éducation, d'élévation et de progrès. Et que la liberté indéfectible de la presse est l'un des premiers fondements de la démocratie. Nous plaçons la mission d'informer, bien avant le commerce du papier et de la réclame qui dévoient de plus en plus le métier au nom de sa seule survie. Et qu'à ce titre les médias ne sont pas des entreprises comme les autres mais un bien public, qui devrait et pourrait être "non profit" et financé comme tel par l'impôt, le biais de fondations ou la trop vite enterrée "licence globale" (consistant à taxer les opérateurs télécoms faisant juteux commerce des contenus que nous, journalistes et citoyens, produisons).
L'INTERNET ET LE JOURNALISME N'ONT PAS ETRE "CIVILISES"
Nous sommes convaincus que la révolution numérique n'est pas une menace pour la presse, mais une chance historique pour elle de renaître en offrant à tous la possibilité de participer au média, en interaction avec des journalistes professionnels. Nous croyons aussi que l'Internet n'a pas à être "civilisé" comme l'a souhaité un président de la République (qui lui ne l'est pas, civilisé), en ce sens que ceux qui y produisent ou y échangent du savoir n'ont pas la même conception du droit et de la liberté d'informer.
Alors, aujourd'hui, à ce moment clé de l'histoire des technologies et de l'information, nous sortons de l'ombre de l'Undernet. Dans les "grands" journaux qui coulent au son de l'orchestre comme autant de Titanic, chez les "pure player" qui se lancent comme autant de radeaux de l'info, sur les blogs et Twitter, ici et ailleurs...nous occupons le terrain de l'internet laissé vacant par la fin de l'ère Gutenberg.
Spartacus venus des contrées numériques, nous déferlons, toujours plus nombreux et dans une joyeuse anarchie, sur les limes de la vieille Rome médiatique.  Entendez-vous cette clameur libre et sauvage ? Nous voulons informer  ici et maintenant, partout et nulle part, sans entraves, envers et  contre tous les pouvoirs, politiques et économiques, pour le bien commun et la morale publique.  L'information est un droit et un devoir essentiel à la démocratie, on l'a dit, et à ce titre nous la considérons comme un service public qui ne doit pas être dévoyé par la logique des "story teller" et des mercanti. Et oui, fous que nous sommes, nous croyons encore en ces notions antiques  aujourd'hui oubliées ou dévoyées ! Ici là même, sur ce blog en forme de radeau numérique. Mais, aussi sur le pont de cette Trirème joliment baptisée "Ithaque". Et bien d'autres esquifs nommés Mediapart ou Owni... nous souquons ferme, mais à notre rythme, moins vite, pour porter plus loin l'estoc au coeur de l'Empire. Nous sommes journalistes de métier ou non, bretteurs et rhéteurs des mots, amoureux de l'écrit c'est sûr. Nous entendons pratiquer l'"Informatio" au sens où l'entendait les anciens. En vénérant l'héritage narratif de Joseph Kessel et les enquêtes au long cours d'Albert Londres. En faisant nôtres le "nouveau journalisme" littéraire de Tom Wolfe, le gonzo-journalisme foutraque et brillant de Hunter S.Thompson et le journalisme Underworld USA de Bob Woodward  qui se rappelle à notre souvenir ces temps-ci. Un journalisme dont on  ne trouve plus vraiment trace dans la vieille presse.
Face  aux tristes clercs de la pseudo-objectivité journalistique à  l'anglo-saxonne, nous brandissons l'étendard de l'honnêteté subjective.  Nous aimons décrire le réel par hyperbole, avec mauvais esprit et  poésie, sans aller contre la vérité des faits. En allant moins vite plus  loin contre l'accélération du monde turbo-numérique, nous voulons  ralentir pour vous raconter des histoires hunniques "dont les mots, comme les poings, fracasseraient les machoires" comme disait Cioran. En expérimentant tous les styles et en nous servant de toutes les nouvelles technologies. Nous  sommes légions, nous sommes de toutes les générations. Mais nous avons  dix ans ou quinze ans à peine. L'âge de la nouvelle Utopie  informationnelle de l'Internet qui a mis à bas Gutenberg et Mac Luhan, les Dieux anciens de l'imprimé et de la lucarne hypnotique. 
 LES GRAINES DU CHAOS RE-CREATIF
Haw  Haw ! Une décennie déjà que la nouvelle trinité des trois W a semé les  graines du chaos destructeur et ré-créatif au coeur d'un quatrième  pouvoir que l'on pensait imprenable.
Emportés  par ce nouvel élan digital qui offre à tout à chacun les outils et la  parole, ici et maintenant, nous mettons en application ce programme: "Don't hate the media, become the media" en réponse au "Journalistes partout, Info nulle part".  Hey Ya Hey nous entarterons les encartés, professionnels de la  profession trustant colonnes et micros, projecteurs et caméras ! Tribuns  autosatisfaits et éditocrates autoproclamés, vous monopolisiez depuis  des générations la parole et l'écrit ? Vous régniez sans partage sur la  pseudo-République de l'actualité ? C'est terminé. Il faut maintenant  compter avec ce nouveau journalisme bravache et sauvage, littéraire et  non standardisé, romantique et nullement pragmatique venu de l'avenir et  du passé. Sur le Réseau, nous sommes comme des poissons dans l'eau.  Face au bombardement cathodique dominant, nous sommes comme une embuscade dans la jungle médiatique, nous créerons "un, deux, trois Vietnam de l'Info", comme l'annonçait le programme fondateur de "Libé" en  1973. Vous dictiez au bon peuple ce qu'il fallait penser de l'actualité  depuis le confort de vos salons parisiens ? Mécréants que nous sommes,  nous raillerons votre évangile en pratiquant le journalisme des faits,  par-delà les écrans de nos ordinateurs. Mais en diffusant ce que nous  avons appris des événements sur tous les écrans numériques. Et du bon  vieux papier aussi. Car nous aimons encore le parfum de l'encre  fraichement imprimée. Vous aviez banni de vos rangs les déviants et les  affranchis qui  prétendaient pratiquer un journalisme du réel...ou de  l'irréel ? Ils sont de retour par la magie du Web et ils ont faim de  raconter la vie: celle des vrais gens, avec des morceaux d'humain  dedans. De plonger au coeur de l'histoire immédiate en train de se  faire, au plus près des événements.
NOUS MORDONS AVEC DES MOTS
Journalistes civilisés, votre idéal patricien c'était foin de panache et d'engagement, point de sens critique ni d'investigation, de la tiédeur et de la crypto-objectivité s'il vous plait ! Surtout ne soulevez pas le tapis de l'actualité, ne cherchez pas à déterrer de vieilles affaires. Rendormez vous, les entreprises sont gentilles, le financement des partis politiques est légal, la guerre est chirurgicale, le business est le business, les saletés doivent rester cachées. Positivez l'info: please du people, des paillettes et du story-telling. N'allez pas voir derrière le miroir, Dieu sait ce qu'un maudit fouineur y aurait trouvé ! Prétoriens de l'ordre informationnel établi vous êtes toujours, comme il se doit, forts avec les faibles et faibles avec les puissants. Bons chiens de garde et gentils toutous courtisans, assurés de ripailler au banquet du pouvoir...Mais nous ne voulons plus de votre "Pax Mediatica". Maintenant nous mordons avec des mots. Nous ne sommes pas nés pour être domptés. Nous sommes des journalistes sauvages et plébéiens, pas des petits soldats de l'info bêtes et disciplinés.
LA VOIE DU GONZO
Nous voulons suivre la voie de notre bon maître Gonzo, le Doc Thompson, pour qui un bon petit reporter se devait d'avoir "le talent du maître journaliste, l'oeil du photographe artiste et les couilles en bronze d'un acteur d'Hollywood". Nous pensons avec ce cher Hunter citant Faulkner qu'il arrive que "la meilleure fiction soit bien plus vraie que n'importe quel type de journalisme". Que de plus en plus souvent "les faits sont des mensonges" serinés par des story tellers pour être copié-collés à l'infini par des scribes robotisés. Et que pour atteindre la vérité, il faut se fier à son instinct sauvage et se laisser porter par la danse chamanique des mots "comme une balle de golf d'un blanc étincelant sur un fairway où le vent ébouriffe les paquerettes"*.
Nous voulons suivre la voie de notre bon maître Gonzo, le Doc Thompson, pour qui un bon petit reporter se devait d'avoir "le talent du maître journaliste, l'oeil du photographe artiste et les couilles en bronze d'un acteur d'Hollywood". Nous pensons avec ce cher Hunter citant Faulkner qu'il arrive que "la meilleure fiction soit bien plus vraie que n'importe quel type de journalisme". Que de plus en plus souvent "les faits sont des mensonges" serinés par des story tellers pour être copié-collés à l'infini par des scribes robotisés. Et que pour atteindre la vérité, il faut se fier à son instinct sauvage et se laisser porter par la danse chamanique des mots "comme une balle de golf d'un blanc étincelant sur un fairway où le vent ébouriffe les paquerettes"*.
Entendez-vous cette rumeur venues des tréfonds de l'internet ? Les temps changent. La roue de l'Histoire informationnelle a tourné.  En 2007, lorsqu'une poignée de vétérans du métier a déserté les rangs  de la vieille presse sclérosée pour lancer les premiers sites d'info en  ligne hors système avec de jeunes recrues venues de barbarie numérique,  on se gaussait de ces blogs à peine améliorés rédigés par des gueux et  des proscrits qui prétendaient rivaliser avec la grande presse : "Jamais ces Rue89 et autres Mediapart ne tiendront plus d'un an",  entendait-on à Paris dans les allées du pouvoir journalistique. Bien  sûr il y eut des morts. Bakchich, le vilain petit Canard numérique. Mais  aussi des naissances. Owni et son info digitale venue d'ailleurs...  Mais pendant ce temps là, les "grands" journaux, ces Tigres de papier,  ont vu leur royaume imprimé s'effriter année après année. Ils ont vu  leurs ventes et publicité pourrir et s'effondrer sur pied. A force de  sacrifier aux dieux médiocres du marketing éditorial. A force de  proposer toujours la même soupe standardisée, de coller au "temps de  cerveau disponible", d'oublier que notre métier est d'abord celui de  l'offre. A force aussi d'avoir peur de l'Internet, cette nouvelle  démocratie de l'info participative, sociale et citoyenne. A force de  mépriser ces OS du Web qui étaient seuls à maîtriser les arcanes de la  technologie, la vieille aristocratie décadente du papier est totalement passée à côté de la révolution numérique. Elle est aujourd'hui au bord du précipice et sur le point de tomber dans les poubelles de l'histoire. C'est ainsi.
LA FIN DES TEMPS ANCIENS
Voilà donc qu'un vent de panique s'est mis à souffler sur la belle ordonnance des phalanges de l'Empire. Ce n'est pas encore la débandade généralisée. Mais les signes de la fin des temps anciens sont là. L'ordre médiatique établi vient de connaître son désastre de Teutoburg: pour la première fois, un messager venu des forêts sombres de l'Undernet, j'ai nommé Wikileaks, a dicté son agenda aux plus grands journaux de la Planète. On a vu le "New York Times", le Guardian", le "Spiegel" et "Le Monde" se rendre docilement à l'oracle barbare des 250.000 câbles diplomatiques américaines rendus publics par Assange. Plus rien ne sera comme avant. D'autres "Zones Autonomes d'Information" vont naître ici et là, frapper de leur clavier et disparaître avant d'être écrasées pour renaître ailleurs dans les failles de l'Empire, suivant les préceptes "TAZ" du cyber-prophète libertaire Hakim Bey.
Bientôt d'autres "journalistes et hors la loi" se lèveront et rivaliseront de diatribes magiques et hallucinées dans la lignée du grand Chaman des mots, ce cher Hunter. Et les jeunes forcats du Web briseront leurs chaînes sur l'air du "qu'est ce qu'on attend pour mettre le feu à l'Info !". Les lecteurs suivront ou non. Qui nous aime nous suive ! Ils suivront. Ils ont déjà déserté en masse le papier et la télé pour le Web, l'info-burger pour la bio-diversité des sites indés, des réseaux sociaux et des blogs. Bientôt l'on entendra ce qu'il restera des Césars médiatiques d'autrefois, lancer le cri d'Auguste: "Varus qu'as tu fais de mes légions ?". Rome ne brûlera pas mais l'Empire s'effondrera de lui-même face à la nouvelle République des médias par tous et pour tous. C'est écrit.
Maître Gonzo ;)
* Citations extraites de "Gonzo Highway", le formidable recueil des 50 ans de correspondance d'Hunter S. Thompson (chez 10/18 domaine étranger)
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LA FIN DES TEMPS ANCIENS
Voilà donc qu'un vent de panique s'est mis à souffler sur la belle ordonnance des phalanges de l'Empire. Ce n'est pas encore la débandade généralisée. Mais les signes de la fin des temps anciens sont là. L'ordre médiatique établi vient de connaître son désastre de Teutoburg: pour la première fois, un messager venu des forêts sombres de l'Undernet, j'ai nommé Wikileaks, a dicté son agenda aux plus grands journaux de la Planète. On a vu le "New York Times", le Guardian", le "Spiegel" et "Le Monde" se rendre docilement à l'oracle barbare des 250.000 câbles diplomatiques américaines rendus publics par Assange. Plus rien ne sera comme avant. D'autres "Zones Autonomes d'Information" vont naître ici et là, frapper de leur clavier et disparaître avant d'être écrasées pour renaître ailleurs dans les failles de l'Empire, suivant les préceptes "TAZ" du cyber-prophète libertaire Hakim Bey.
Bientôt d'autres "journalistes et hors la loi" se lèveront et rivaliseront de diatribes magiques et hallucinées dans la lignée du grand Chaman des mots, ce cher Hunter. Et les jeunes forcats du Web briseront leurs chaînes sur l'air du "qu'est ce qu'on attend pour mettre le feu à l'Info !". Les lecteurs suivront ou non. Qui nous aime nous suive ! Ils suivront. Ils ont déjà déserté en masse le papier et la télé pour le Web, l'info-burger pour la bio-diversité des sites indés, des réseaux sociaux et des blogs. Bientôt l'on entendra ce qu'il restera des Césars médiatiques d'autrefois, lancer le cri d'Auguste: "Varus qu'as tu fais de mes légions ?". Rome ne brûlera pas mais l'Empire s'effondrera de lui-même face à la nouvelle République des médias par tous et pour tous. C'est écrit.
Maître Gonzo ;)
* Citations extraites de "Gonzo Highway", le formidable recueil des 50 ans de correspondance d'Hunter S. Thompson (chez 10/18 domaine étranger)







Usé, vieilli, fatigué, pointant chez les "quadras et quinquas déclassés, trop vieux, trop exigeants, pas assez petits chefs..." me voilà ragaillardi en "barbare" au blogging intermittent puisque débarrassé des nécessités alimentaires du reste de mes activités :D
RépondreSupprimerDe quoi retrouver un début d'envie dans ces lignes ^^
Seul bémol ce "Libé" "d'hier et d'aujourd'hui" qui n'est vraiment plus ce qu'il fut et qui a viré un maître es gonzo et une référence du journalisme hors piste en chassant de ses colonnes un des derniers qui en a toujours perpétué l'esprit, Philippe Garnier...
"Si vous pensez que les hackers ne sont qu'une bandes d'anarchistes prêt à tout mettre à feux et à sang par ce que ça les amusent, vous vous trompez du tout au tout: Nous sommes bien pires que ça!"
RépondreSupprimer[www.youtube.com/watch?v=rP9I57TtjXY]
YYYYEEEEEEEEEAHHHHHHH ! Je te suis mec !
RépondreSupprimerJe signe, mon pote, et rallie ma barbarie à la tienne!
RépondreSupprimerQuestion à deux balles : est-on obligé d'avoir un dieu pour mener la révolution ? Ce "cher Hunter" n'est pas le mien. Ni dieu ni maître, comme dirait l'autre.
RépondreSupprimerBonjour, un consoeurs belges aux idées parfois fort similaires: www.comingout-info.be Monde la rue, manifs, inceste et d'autres en préparation évidemment.
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