Réveillons nous: plus personne ne veut payer pour voir, pour lire, pour s'informer, pour s'enrichir (intellectuellement), s'éduquer ou se distraire. L'internaute, ce lecteur ingrat des temps numériques, croit que les beaux articles naissent gratuitement dans les feuilles de choux et que les bons billets tombent du ciel comme pluie d'abondance. C'est ainsi. La culture de la gratuité s'est imposée sur le Web, on ne reviendra pas en arrière. Et ce n'est pas moi, tout seul dans mon coin de journaleux-blogueur, qui vais réinventer un business-modèle internet pour les l'information...quoique dans mes rêves les plus fous j'aurais bien quelques idées: par exemple prendre l'argent là où il est en instituant une licence globale financée par les opérateurs télécoms et internet qui se goinfrent de confortables marges de 30 % et plus grâce aux contenus auxquels ils donnent généreusement accès moyennant forfait quadruple-play (mais là encore je m'égare c'est un autre sujet qui vaut à lui seul un billet bien rentre dedans).
LE SALAIRE OU L'ESCLAVAGE CONSENTI
Alors revenons à nos moutons: c'est bien connu, tout travail mérite salaire, ou, alors cela s'appelle de l'esclavage ! Le stade ultime du libéralisme diront certains. La Chine en est un bon exemple avec ses usines-prisons. Mais depuis que l'homme est homme, l'économie marchande raisonnable qui a fait du capitalisme ce qu'il est - à savoir le pire des systèmes à l'exception de tous les autres - repose sur ce principe tout simple : je t'apporte le fruit de mon travail, un joli produit manufacturé, bien usiné...combien m'en donnes tu en échange ? Et depuis que l'on a inventé la monnaie, le troc n'a plus court : le travailleur normalement constitué veut une fiche de paie et un compte en banque crédité en oseille pour vivre et consommer. Et touche pas au grisbi salope ! Dans le monde réel, cet échange marchand de bon sens vaut pour tous ceux qui vivent de leur plume, journalistes, écrivains, nègres etc...même si leur rémunération en fait le plus souvent des mendiants tiers-mondains (mais c'est un autre sujet qui vaudrait un billet plein de revendications dedans) . Le problème c'est que cette loi de l'économie n'a plus court ou presque dès que le plumitif de service quitte le monde IRL (in real life) pour entrer dans le meilleur des mondes virtuels des gentils Net-entrepreneurs de l'info agrégée. Elle est remplacée par le fameux deal "Win-Fuck": "Je te publie gratuitement et en échange c'est ton jour de gloire pauvre blogueur: je t'offre l'opportunité unique de toucher enfin un public !". Point barre. Moi je fais mon beurre sur ta prose. Toi zéro salaire, tu es payé en notoriété. Un concept bien théorisé et joliment baptisé "Economie de la Gratitude" par mon camarade blogueur Vogelsong. Le marché de dupes s'arrête là. Après tout si nous sommes assez cons pour accepter, c'est la loi du marché me direz-vous.
Mais avec l'humain, les choses sont toujours plus compliquées. Quand on sue sang et eau sur un papier, un billet, que l'on y met beaucoup de soi, que l'on écrit pour être lu...être publié sur un site médias reconnu ou celui d'un "pure player" qui buzze à mort, c'est une chance, c'est vrai, d'avoir enfin une audience qui se mesure en centaines de milliers de lecteurs et non plus en centaines ou en milliers de clampins arrivés chez vous par les hasards du référencement Google. Même si c'est pour un "one shot", voir son billet repris sur Rue89 ou Owni c'est une opportunité miraculeuse de faire connaître son blog, ses centres d'intérêts et obsessions personnelles, sa vision du monde sur le thème "mon avis m'intéresse", mais aussi son travail d'écriture et éventuellement son talent. Et puis c'est bon pour l'estime de soi. Ca flatte l'égo et le double narcissique de l'auteur fatigué de soliloquer, de déclamer son prêchi-prêcha dans le désert des Tartares de la blogosphère. Alors on marche tous, ou presque, dans le truc.
Perso, je suis toujours heureux comme un gosse de voir mes billets repris par mes amis d'Owni, Electron Libre ou Marianne 2. Mais c'est un luxe que je peux m'offrir: j'ai un vrai travail de journaliste payé dans la vraie vie. Alors je ne crache pas dans la soupe de l'audience et de la notoriété. Et puis me direz-vous, ces derniers temps j'ai moi-même tendance à exploiter sur ce blog le pauvre peuple des jeunes auteurs. Vous avez sans doute vu passer récemment ce bon billet de Morgane sur les jeunes journalistes d'aujourd'hui et ce manifeste internet libertarien de Théo...Mais bon, je ne fais pas de business sur Mon écran radar, je n'accepte pas de publicité et encore moins...beurk de me faire acheter pour écrire un gentil billet pour une marque. C'est juste pour la beauté du geste éditorial. Et puis on est entre adultes consentants si j'ose dire. Je ne suis pas comme ces gros sexploiteurs de l'industrie du X qui exploitent sans vergogne les hardeurs amateurs ;)
JE SUIS UN JAUNE
Mais bon, ces derniers temps, j'ai mauvaise conscience je vous l'avoue. En donnant mes billets gratuitement à droite et à gauche, je me fais parfois l'impression d'être un jaune. De participer à un système délétère au détriment des plus faibles, des plus précaires: jeunes journalistes qui en bloguant cherchent désespérément un marche-pied pour entrer dans la profession; journalistes au chômage qui espèrent retrouver un job par le même moyen; blogueurs intègres et par conséquent crèves la dalle... C'est là que je repense à ces mots de mon maître Gonzo, le Duke, Saint Hunter Thompson:
"Il me semble que le rôle, le devoir, l'obligation, et en effet le seul choix de l'écrivain, aujourd'hui, est de mourir de faim, aussi honorablement et avec autant de panache que possible"...C'est beau comme du Rimbaud. Mais dans la vraie vie il faut bien bouffer pour ne pas finir sous un pont. Et c'est une autre consoeur, ma Peste préférée, qui a réveillé le cas de conscience en moi en poussant ce coup de gueule dans la foulée du lancement d'Atlantico, le nouveau site d'info qui annonce à son tour un modèle à la Huffington Post, c'est à dire bâti sur l'exploitation des blogueurs bénévoles. Ce qui la gêne ? Pas que le nouveau venu soit "un pure player" de droite lancé à un an des Présidentielles pour contrer la gauchosphère des Mediapart et autres Rue89. Nous sommes dans un pays libre qui aime la presse d'opinion. Je plussoie. Non ce qui lui soulève le coeur, "c’est l’exploitation de contenus bénévoles": "Je ne peux concevoir qu’un support encaisse du pognon sur le travail non rémunéré de gens qui vont donner leur talent, leur sueur et leur temps sans contrepartie", écrit ma chopine. Et d'argumenter: "Que le média suceur de plumes soit soumis à une exigence de rentabilité ne me choque pas. Mais si le but est de générer du trafic en publiant du contenu, trafic qui permettra d’encaisser des revenus publicitaires et/ou de lever du fric, le contenu devrait, à mon sens, être payé au contributeur qui le produit. Ce n’est pas seulement une question d’argent, mais une question de principe. Peu importe que le rédacteur ne soit pas payé une fortune, mais au moins qu’il soit payé".
Rien à ajouter. Comment ne pas être d'accord ?
Fatalitas diront certains... Tant qu'il y aura des blogueurs frustrés avides de reconnaissance, le système tournera à plein. Et tous les sites d'info en quête de contenus EPO pour doper audience en profiteront: les pure players qui ont du mal à boucler leurs fins de mois comme les médias les plus "respectables"..."Le Monde" s'est par exemple offert une véritable écurie de lecteurs-blogueurs et ne paye (mal) que quelques "invités" privilégiés (500 euros le trimestre plus un intéressement aux recettes publicitaires m'a-t-on proposé un jour).
Mais les temps changent. On dirait bien que la révolte tonne pour de bon dans la lumpen-blogosphère.
LA THENARDIERE DU HUFF POST
Caricature d'Ariana Huffington publiée par le site Politico |
Autant dire que le jackpot de la mère Huffington fait désormais rêver tout ce que le Web compte de Net-entrepreneurs. Chez nous aussi, ce sera à qui lancera le premier son "Huff Po" à la française en attirant le meilleur de la blogosphère gauloise. Faire de l'audience et engranger des recettes publicitaires en suçant grâce aux généreuses contributions des blogueurs ? On ne pourra pas faire ce reproche à Owni qui depuis le départ se présente comme un media "non profit" financé par les activités de conseil en data-journalisme de l'entité 22 mars. Mais Atlantico, qui dit avoir "cartographié" 1000 sources de contenus, s'y voit déjà sans complexe, sous couvert de jouer les "facilitateurs d'info". Les nouveaux proprios du "Monde" ne veulent plus du Post qui est si vulgaire et perd de l'argent malgré ses 3 millions de visiteurs uniques ? La marque ne demande qu'à être ramassée par un petit malin...Ce sera le premier à dégainer qui ramassera la mise !
Viens à moi petit blogueur, aie confiannnce, je vais t'en donner de la belle audience. Le pire c'est ce que cela marchera. Encore et encore. Et que je ferai sans doute partie des gogos trop content d'être publié et de faire connaître un peu plus mon modeste Ecran Radar. A moins que ma camarade La Peste, "pour qui l'aventure du contenu bénévole s'est arrêtée il y a un moment" déjà, me botte les fesses. Et que l'on se lance tous les deux dans une grève illimitée: marre de la Blogxploitation (merci à @cdutheil pour ce joli néologisme façon Stax;) ! Vade retro curators et autres agregators ! Avec un peu de chance le mouvement fera tâche d'huile...allez on y croit: la révolution des damnés de la blogosphère est pour demain. Et en plus elle sera live-tweetée ! Haw Haw :D Bon j'espère que malgré mes conneries gauchissss' mon billet sera quand même repris.
Jean-Christophe Féraud Tweet
Ce billet est lucide, mon témoignage : mon blog a 5 ans et je dois reconnaître que si mon ego a été flatté par les "intérêts" que mes articles suscitaient, dans un second temps (au début, mon blog était un super-jouet virtuel pour me faire plaisir et il aurait sans doute dû le rester...), depuis environ un an ou deux, ce n'est plus le cas, l'effet s'est usé, je me rends compte de ce que j'avais pressenti avec la création du club des 300 blogueurs Allociné : on travaille gratuitement à la promo des uns et des autres, la machine s'emballe et on finit par perdre de vue pourquoi on accepte tout ça. Beaucoup acceptent tout pour ne "pas louper une invit"! Ce n'est pas trop mon cas parce que je préfère le virtuel au réel et déteste sortir sauf pour rentrer l'écrire ensuite... Monter l'audience du blog mais jusqu'où et pourquoi? On finit par se poser la question, se dire logiquement que les blogs méritent une rétribution, pas du tout s'agissant des critiques de films ou des sujets qu'on a choisi de faire par passion du ciné (des vieux films noirs, des découvertes cinéphiles, etc...), mais pour des demandes de promo à peine déguisées qui se multiplient. Comme d'habitude, le meilleur ennemi du blogueur, c'est le blogueur et tant que le quart d'heure de célébrité et quelques avant-premières privées, jouant sur le concept VIP/"en être", suffiront à combler la majorité, on ne voit pas pourquoi les sociétés marchandes se gêneraient pour avoir du rédactionnel gratuit. J'ai bien lu aussi ce que nous savons tous, la presse est en difficulté, les blogueurs ne sont pas des journalistes mais certains espèrent le devenir, ont choisi de bloguer pour être visibles. Il ne faut pas oublier la floraison des agences de com spécialisées dans internet, rémunérées pour inviter des blogueurs à des événements, des projections... Difficile de dire non à des gens souvent sympa, le facteur humain aussi... (commentaire un peu long, pardon!)
RépondreSupprimerMerci pour toutes ces lumineuses explications, je ne blogue que depuis 8 mois environ, à la vas-y que j'te, et je commence à piger les tenants et les aboutissants de la chose.
RépondreSupprimerTrès laid, effectivement.
Je ne connaissais pas le Huffington Post. Une bien belle histoire de pognon en tout cas.
RépondreSupprimerSi des blogueurs sont assez naïfs pour enrichir quelqu'un dans l'espoir d'avoir plus d'audience - alors qu'il faudrait s'attaquer à l'essentiel, donc au référencement - je suppose qu'il n'y a rien de mal tant qu'aucune vie n'est menacée de mort.
Personnellement, j'ai été approché par deux sites français (je n'ai pas gardé en tête les noms) dans le but d'écrire parmi leur jolie communauté pour augmenter la visibilité de mon propre blog. Je les ai rembarré gentiment ; pourquoi leur donnerai-je le travail que j'effectue gracieusement pour mes lecteurs, qu'ils soient nombreux ou non ?
J'ai accepté de rédiger un article sponsorisé un jour, après mûres réflexions. Résultats : je n'ai pas pu me regarder dans le miroir lors du brossage de dents pendant une semaine.
Je pense que l'écriture sur internet doit être motivée par la passion et rien d'autre.
Souviens-toi le jour où toi, moi, vous blogueurs, nous grattions consciencieusement les copies des livres du Savoir et de l'Imagination par centaines, dans les froides oubliettes des monastères. L'imprimerie fut, pour les pauvres bougres de jadis, l'arrivée d'un business. Attendons le nôtre. Mieux, créons le.
RépondreSupprimerj'aime bien voir les privilégiés, les nantis, Bourdieu et Passeron disaient "les héritiers", se culpabiliser d'être l'élite, en faisant tout, quand même, pour en faire partie... Merci pour ce billet qui illustre bien la complexité de nos engagements : "mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente", on résiste un temps et puis on accepte d'être flatté, il est si facile d'acheter les gens... il suffit pour cela d'un peu de prestige, d'un peu gloire de pacotille... Ils sont rares ceux qui ne vendront pas leur âme (et ont-ils vraiment raison de ne pas le faire ?).
RépondreSupprimerVendre son âme pour de l'argent (pour un salaire), est-ce vraiment mieux ?
"Tant qu'il y aura des blogueurs frustrés avides de reconnaissance, le système tournera à plein. "
RépondreSupprimerOui, le "système" fonctionne en utilisant ce besoin de reconnaissance (mais on pourrait s'interroger: pourquoi cette société sécrète à tel point ce besoin?)
Il y a deux types de blogueurs. Il y a les précaires, ceux que tu as dépeint, et qui râlent contre la baisse prodigieuse du prix de la bafouille. Et il y a ceux que j'appellerai "les blogueurs de statut".
Pour eux, le blog est un outil indispensable d'exhibition de leur richesse intérieure. Preuve, sans doute, que pour ces derniers la "réalisation de soi " ne passe plus par le travail. Ils ont besoin d'être reconnus!
Bravo pour cet excellent billet. L'analyse est juste, équilibrée, et je n'ai rien à y redire, pour une fois... Serais je de bonne humeur, aujourd'hui ? Non !!!!
RépondreSupprimerPourquoi les blogueurs français semblent-ils bouder flattr qui propose pourtant un business-model assez novateur, théoriquement viable, et assez explosif, puisqu'il s'agit à la fois de rémunérer les créateurs de contenus tout en torpillant la marchandisation de le culture ?
RépondreSupprimerLa gratuité sur Internet ??????? et pas ailleurs ??? dans 1000 ans peut-être, ou plus (ou dans moins longtemps ? interrogent, glapissant, quelques utopistes perdus), la gratuité pour tout partout et pour tous sera vraisemblablement la règle. Et ces vieux débats de ce début de XXIe paraîtront bien désuets.
RépondreSupprimerJe ne m'exprimerai pas sur le fond, faute de compétences ("Mwais, on verra...", c'est le commentaire du rédac' chef du magazine auquel j'aspire à collaborer aussi régulièrement que possible, à la lecture des 5 premiers feuillets d'un reportage de plusieurs semaines... Ami pigiste, si tu me lis, dis-toi que dans les soutes de l'info, il y a pire « statut » (?) encore que le tien); je ne m'exprimerai pas sur la forme, pour la même raison. En revanche, je ne peux manquer [d’étaler ma confiture] de relever la saillie que le Maître gonzo dans la fleur de l'âge adressa à ... William Faulkner, le 30 mars 1959 (à retrouver dans l’inestimable Gonzo highway, correspondance de Hunter Thompson, chez 10/18). Dans une missive (gonflée) d’une tendre révérence, le Doc proposait à l’ancien forçat sauvé des mines de sel d’Hollywood par un Nobel opportun, de retrouver, en sa compagnie, les joies simples de la misère au grand air, faites de scotch et pêche à la truite - comme un morceau de rêve américain échoué sur les berges de l’Ohio… L’ancêtre – dont l’histoire ne dit pas dans quel état d’ébriété il lut la lettre, si jamais il la lut – ne pipa mot. Thompson eut-il quelque intuition de son propre destin en s’adressant en ces termes à pareille figure tutélaire ? Peu probable, considérant son caractère fonceur et opiniâtre, malgré quelques ratés et une ultime communion au Colt 45. Toujours est-il qu’à l’instar de Faulkner, il courut le cachet (ou plutôt devrais-je dire les cachets, toutes sortes de cachets !) une grande partie de sa vie (bien que résident d’Aspen, il ne fut jamais riche, ni même aisé) Et qu’à l’instar de Faulkner, il n’obtint rien ou si peu de la « notoriété » (allez, quoi, quelques conférences universitaires dans leurs vieilles années) Ces types-là écrivaient, conspuant à l’envi – et en pure perte – leurs éditeurs, mais rien, rien n’aurait pu les détourner de leur sacerdoce. Ecrire ou crever, le talent ne fait pas toujours hélas ! dans la demi-mesure.
RépondreSupprimerJe ne vous gonflerai pas outre mesure avec mon commentaire d’un autre siècle, à exhumer les macchabées tombés au champ d’honneur de la littérature. Vous pourriez croire qu’en flattant le crevard, je fais l’apologie des suceurs de moelle, alors que franchement, les hébergeurs, les pure players, toussa toussa, j’en sais fichtre rien moi - on verra quand j’aurai une carte de presse (lol) !
Vous me saurez donc gré de mes digressions cuistres et franchement décalées, moi qui ne suis même pas blogueuse, mais quand on parle même à mots couverts de Thompson et Faulkner, mes cadavres exquis à moi, je sors l’artillerie (même si celle-ci se résume à une canne à pêche), c’est comme ça.
Merci JC de faire revivre le Doc et ses couilles en bronze – y compris dans les interstices.
Sabrina
Wow Sabrina c'est ce que j'appelle un putain de commentaire foutraque et génial ! Écrit avec panache et mitraille, on en redemande. Tu ne blogues pas ? Va y lance toi de suite c'est un ordre ! Rejoint la cohorte des ceve la dalle qui écrivent pour la beauté du geste et pige pour autant que tu peux pour vivre, mais écrit comme cela bordel, ça fait du bien aux synapses. A te lire je vois que tu as le talent du maître journaliste, l'oeil du photographe artiste et les couilles en bronze d'un acteur d'Hollywood (pardon mamzelle mais tu connais tes classiques). Et quelle culture sur le Doc ! On en reparle autour d'un alcool fort. OK Gonzo Sister ?
RépondreSupprimerFuck Yeah ! Amen mon frère, blogueur est un job SM qui à le seul avantage de laisser une trace :) c'est déjà pas mal. bibi faut qui taf' pour payer les pates & le loyer.
RépondreSupprimerBlogueur un jour, blogueur toujours !
super super billet. Aussi bon qu'un verre de Chartreuse :)
Waouh quand je lis ton billet, je me dis "il y a des mecs inspirés" et même si tu es journaliste de formation je dis "bravo".
RépondreSupprimerUn truc tout con qui m'a fait tilt en te lisant: "tout travail mérite salaire" mais.. je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à sa réciproque "tout salaire mérite travail" et encore une fois je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à Balladur et à son emploi fictif... tu as vu jusqu'où tu nous emmènes :))
Excellent billet.
RépondreSupprimerà noter que faire écrire les autres est aussi un vrai travail et que pour prendre le temps de corriger, de faire retravailler, d'aider l'auteur à recentrer son sujet, mettre en page, justifier, embeder une photo ou une vidéo, faire des corrections depuis l'iphone parce que l'auteur insiste par mail SMSn telephone etc
Tout ca prends du temps et pour que ca soit bien fait il faut parfois des professionnels.
Twitter, facebook et autres font aussi de l'argent avec notre production qui le leur reproche?
Après je pense effectivement que quand on fait du blé avec le contenu des autres il faut partager d'une manière ou d'une autre pas forcément équitablement mais en tous cas de façon transparente. En tous cas c'est ce que j'essaie de faire.
Très bon billet, j'aime bien le ton ;-)
RépondreSupprimer@sknob (à propos de Flattr) : peut-être parce que c'est une arnaque ?
@ThierryRégis ("tout salaire mérite travail") : même quand il n'y a pas de travail parce qu'on est capable de créer des richesses très (trop?) efficacement ?
Super papier :)
RépondreSupprimerCette fois c'est toi qui me coupe l'herbe sous le pied, j'avais en magasin un papier sur l'utopie UGC au service des marchands...
Eric : pourquoi notre société secrète ce besoin d'attention ? J'ai émis l'hypothèse naguère qu'il s'agit d'une conséquence de 2 phénomènes qui conduisent à vouloir "émerger" :
- Concentration urbaine et anonymat des foules
- Uniformisation des modes de vie par la tertiarisation des activités et la société de consommation
J'en rajoute une :
-Epuisement de cette société de consommation qui ne répond pas plus que les autres à notre désir d'épanouissement. Les films "Fight Club", "American Psycho" ou "99 francs" le montrent fort bien. Quand on a tout, le dernier écran plat HD, les lunettes à la dernière mode, les cartes de visite les plus "classe"... Sommes-nous plus heureux pour autant ?
Alors la nouvelle denrée rare qui émerge c'est l'amour d'autrui, que l'on achète en attirant l'attention selon ses armes : via sa prose, sa musique ou sa voix, son apparence vestimentaire, sa créativité quelle qu'elle soit...
Cette estime/amour de l'autre nous permet de combler ce vide existentiel lié à la profusion et la société de l'abondance :
Pourquoi vivre ? Et comment accepter de mourir ? (en donnant du sens à son existence, en laissant une trace, en "profitant" au maximum de la vie...)
Autrefois, pas le temps de se poser la question, il fallait déjà survivre. Notre quête narcissique est directement le résultat de notre richesse économique et rappelle le romantisme des classes favorisées du XIXe s, tel Chateaubriand.
Sabrina : sublime plume, chapeau !!!
Peut être que le salut vient d'ailleurs, j'avais beaucoup aimé le principe de la dividende universelle (http://truffo.fr/breve/dividende-universel-un-enjeu-majeur-de-societe/) qui solutionnerais le problème de la rémunération des bloggeurs mais aussi plein d'autre chose ...
RépondreSupprimer"tout travail mérite salaire, ou, alors cela s'appelle de l'esclavage !"
RépondreSupprimerBen non, ça peut aussi s'appeler du bénévolat! De nombreuses structures fonctionnent sur ce principe ou un mix salarié/bénévolat notamment les institutions religieuses et l’immense majorité des associations. On peut également remarquer que la presse a toujours fait appel pour partie à des rédacteurs bénévoles au travers de son courrier des lecteurs et de ses pages "opinions"... La seule chose qui change c'est la proportion mais honnêtement est-ce que un journal composé à 90% de pages opinions aura autant d’intérêt que les journaux actuels? J'ai quelques doutes! Il manquerait trois choses: la cohérence, la réactivité et l’exhaustivité de la couverture des évènements. Le bénévolat a ses limites comme peut le constater toute personne s'étant impliqué de manière importante dans une structure fonctionnant principalement sur ce principe. Le journalisme professionnel a encore un avenir sur le web et je suis persuadé qu'il se trouvera des lecteurs pour payer des médias de qualité fait par des professionnels. Quand aux blogueurs, et bien ils se classent dans la catégorie de bénévoles et c'est quelque chose qu'il faut qu'ils assument.
@ideesmobiles: merci pour ton commentaire mais désolé que ton argumentaire sur le bénévolat ne tient pas une seconde la route quand ce travail bénévole des blogueurs est utilisé par des entreprises à produire et distribuer de l'information pour générer une audience et en retirer des recettes publicitaires...Le HuffPo a construit un business de 50 millions de dollars en redistribuant une infime partie de ce chiffre d'affaires à ceux qui ont permis de le réaliser. En bonne théorie marxiste cela s'appelle exploitation de la force de travail. Et quand il n'y a pas de salaire c'est un retour au servage, consenti je te l'accorde.
RépondreSupprimerLà où je te rejoins c'est que le journalisme reste d'abord une affaire de professionnel. J'en suis un. Mais je suis aussi bien placé pour savoir que la presse crève de sa sclérose, de son autisme, de sa suffisance et de sa soumission aux pouvoirs. Elle a perdu le respect des citoyens. Pour le reconquérir, innover et se réinventer, elle a tout intérêt à ouvrir grand ses fenêtres aux bons blogueurs experts d'un secteur et/ou talentueux de plume. En les payant car oui, tout travail mérite salaire dans une entreprise. Les sites d'info ne sont pas des associations Loi 1901 à la connaissance... Et les journalistes feraient bien de bloguer: c'est un bon exercice d'écriture pour casser le ronron des poncifs et codes standardises du métier qui endort le lecteur. Et réfléchir à sa propre pratique professionnelle en se confrontant directement avec le lecteur...et quelques Trolls ;)
C'est en tout cas mon point de vue de journaliste/blogueur
Bien à toi
JCF
Très bonne analyse, mais comment on en sort, du servage consenti ? Je ne vois aucun début de commencement de prolégomènes d'esquisse de solution, si ce n'est par une prise de conscience collective et une volonté non moins collective et généralisée de refuser de participer à ces machins du genre Huffington. C'est pas demain la veille, à mon avis.
SupprimerTant qu'il y aura des scribouillards qui imaginent pouvoir se faire remarquer pour ensuite vendre leur prose, les Pierre Haski, Pascal Riché, Edwy Plenel, Anne Sinclair and co peuvent se friser les moustaches.
On est en fait d'accord, tout le problème c'est que le HuffPo fasse de l'argent avec du travail bénévole... Mais c'est bien les blogueurs qui sont responsables de cette anomalie en laissant une entreprise à but lucratif utiliser leurs contributions sans rétribution. On peut d'ailleurs s'interroger sur la pérennité du modèle - si j'étais contributeur du HuffPo je me poserais sérieusement la question de l'avenir de la collaboration.... C'est un des gros problème de toutes les structures basées massivement sur le bénévolat: elles peuvent s'écrouler très rapidement si les bénévoles décident de ne plus contribuer - rien ne les contraint. On peut d'ailleurs le voir à l'oeuvre dans l'effondrement de MySpace.
RépondreSupprimerAnalyse intéressante, mais très largement insuffisante. Il faut remonter à la structure de la monnaie elle même pour comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
RépondreSupprimerLe FramaBlog l'a parfaitement compris !
http://www.framablog.org/index.php/post/2010/05/17/dividende-universel-valorisation-libre-non-marchand
Ce qui rejoint le Revenu Citoyen de Villepin quoique la forme finale de la décentralisation de la monnaie soit encore plus explicite.
http://www.creationmonetaire.info/2011/02/dominique-de-villepin-propose-le-revenu.html
En 1850, les auteurs de chanson ont fondé la Sacem, afin d'être rémunéré (autant que faire se peut) de leur travail par ceux qui généraient des richesses grâce à leurs créations.
RépondreSupprimerCertes, il y a eu des dérives avec le temps, il n'empêche, l'idée n'était pas si mauvaise...
Quels outils modernes pourraient permettre aujourd'hui aux bloggeurs de récupérer une partie des richesses qu'ils contribuent à créer ?
Moi, j'aimerais que Me Eolas nous éclaire sur la légalité de faire bosser des gens sans les payer... c'est de l'esclavage, non?
RépondreSupprimer@ Karine
SupprimerNon, c'est pas de l'esclavage. Les masos ont le droit de se faire mettre. Tant que ça reste entre adultes consentants.
Une fois de plus, le parallèle avec les contributeurs des Logiciels Libres est énorme.
RépondreSupprimerEn France, la voie s'ouvre avec Wikio expert, le blogueur est payé une misère pour alimenter de façon ultra ciblée les gros sites FR (TF1,PLURIELLES etc.)
RépondreSupprimer8€ la pige, allez y les gars, vendez votre expertise contre des peanuts ;)
Enfin c'est toujours moins pire que HUFF.Post
Cette « économie de la gratitude » est amplifiée par le phénomène blog, mais elle existe depuis… au moins 20 ans. Depuis que je bosse quoi. Je lui dois quelques jolis coups à cette « économie de la gratitude » : ma première embauche dans un vrai mag après avoir rédigé un dossier pour une misère et pour quelqu’un qui connaissait quelqu’un etc., ou encore mon incursion dans un « grand quotidien » après avoir rédactionné en chef dans une startup qui me sous-payait pour du « contenu en ligne ». Et aujourd’hui, si Slate ou Rue89 venaient me chercher en me disant « on adore ce que vous faites, est-ce qu’on peut reprendre chez nous votre blog », je répondrais « oui », sans état d’âme particulier autre que celui d’un égo légèrement hypertrophié... et surtout, la perspective d’en profiter pour rebondir ailleurs, vers des rives payantes. Mon blog est récent, il n’a que quelques mois, et d’un simple défouloir, il est en passe de devenir une carte de visite. À mon grand étonnement, il m’a déjà permis de trouver un job (payé), et si je peux lui garantir une visibilité accrue, dans un cadre qui me convient (je n’ai pas cité Slate ou Rue89 au hasard), je signe. J’aime être lue, j’aime gagner de l’argent grâce à mon travail, et je sais d’expérience que mieux (je dis « mieux », pas « plus ») on s’expose, plus ça paie, dans tous les sens du terme. Une sorte de réseautage organisé, encadré. Maintenant, remettons aussi les pendules à l’heure : tous les petits rigolos qui s’engouffrent dans cette brèche en se disant qu’il y a matière à utiliser des blogueurs en manque de reconnaissance sont, et resteront, des malfaisants, et les blogueurs utilisés, des grands naïfs (chacun sa responsabilité). Un peu comme ce type qui voulait me payer un papier en me laissant consulter son carnet d’adresse (authentique !)…
RépondreSupprimerFaudrait peut être arrêter de vous regarder le nombril et de vous croire important ! Si le web n'existait pas vous n'existeriez pas non plus. Quand je lis "journaliste" sur ce genre de blog j'éclate de rire, avez vous déjà vu l'ombre d'une carte de presse et savez vous que c'est un métier, pas un loisir ! Vous écrivez sur le net, vous donnez un avis, soyez déjà heureux que les gens vous lisent car vu l'intérêt de la plupart... Si vous voulez exister vraiment et être payé et bien ayez du talent et bossez comme tout le monde. Sans déconner, ils vont bientôt se mettre en grève aussi :) Ca changera pas le court du monde croyez moi... Il y a un côté pathétique, vous vivez dans votre bulle virtuelle, le net peut aussi nuire à la santé, la preuve et surtout mentale ... Pauvre génération du clavier !
RépondreSupprimerOn ne pourra pas se passer d'un revenu universel inconditionnel pour rémunérer toutes ces activités enfin libérées de la dictature de l'emploi et du marché du travail.
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/GerardFoucher75018#p/u/15/vf-5CLedEA0
Voici ce qui m'est arrivé avec les exploiteurs gauche molle de Rue 89, raconté dans mon dernier post chez eux :
RépondreSupprimerBon, ceci est mon dernier message, je vous informe de mon départ de la Rue.
L'envie de ce départ fut la reprise par Rue89 le mensuel de mon article sur l'Art Contemporain (n°3, p 101). Sur le coup, je fus flatté (qui ne l'aurait été). Ensuite, je me dis (et le fis savoir à la rédaction) que fournir bénévolement de quoi gagner son pain quotidien à d'autres, ça le faisait moyen. Je n'ai rien contre le bénévolat, j'en fais, mais c'est avec et pour des gens bénévoles comme moi, pas des professionnels. J'ajoutai aussi mon regret que Rue89 n'ait pas mentionné, en signature, le fait que j'étais écrivain et donc avec des livres à vendre.
On me répondit, entre autres, que les tribunes publiées par Le Monde et Libé ne sont pas rémunérées.
Je répondis que certes, mais au moins on fait état des titres et des travaux de leurs auteurs.
Là-dessus : depuis 10 jours aucune réponse, même pas le regret d'avoir oublié cette mention qui n'aurait rien coûté à la Rue et m'aurait (peut-être) permis de commencer à regagner l'argent que jusqu'ici j'ai perdu, écrire un livre ça coûte cher.
Même pas ce minimum qui m'aurait fait encaisser de bosser gratos pour le mensuel. Alors, cette goutte a fait déborder le vase.
« L'info à trois voix » est un jeu de dupes. Nous sommes tous égaux certes, mais certains sont moins égaux que d'autres : les simples riverains.
La gratuité du net est un leurre : il y a toujours, quelque part, au moins quelqu'un qui donne et quelqu'un qui encaisse.
Ben mon gars, tu n'as plus qu'à mettre ton blog en accès payant. Tu sauras très rapidement si ta prose possède une valeur ajoutée qui donne envie aux gens de sortir la carte bleue. Une valeur ajoutée suffisamment conséquente pour dégager des sommes rondelettes. Dans le cas contraire, il n'y a aucune raison que quiconque paie pour héberger tes billets.
RépondreSupprimerBien facile, ça : PERSONNE ne sort sa carte bleue pour payer 0,12 € par article (ou 0,07 €, ou 0,21 €, je n'en sais rien) pour acheter un article de blog. Ou même 1,32 € pour le lire pendant un mois. Le principe, c'est que nous lisons tous une multitude de blogs, et on ne va pas passer son temps à payer pour des sommes par nature très faibles. Un blog très populaire ferait vivre son auteur avec un centime par article et par lecteur : mais comment faire payer ? Il y a besoin de fédérations qui feraient qu'on paierait pour un ensemble de ressources : c'est sur ce besoin que des sites comme Rue89 ou Atlantico (côté droite méchante...) font leur beurre, de manière du reste tout aussi fragile (un coup de vent et ils déposent le bilan...). Yaka, Yaka, mais personne ne sait Yakakoi pour le moment...
RépondreSupprimer" les blogueurs sont fatigués du clavier, en ont marre d'être des vaches à lait ! " encore une fois, précisons que ce cri qui provient du tréfonds de la blogosphère n'émane QUE de blogueurs de gauche!
RépondreSupprimerPas encore vu et lu, un blogueur de droite se plaindre d une quelconque fatigue :)
Thanks for sharing your info. I truly appreciate your efforts and I will be waiting for your next
RépondreSupprimerwrite ups thank you once again. 토토
Cet article soulève des points très pertinents sur l'exploitation des blogueurs. Il est grand temps que leurs efforts soient justement rémunérés!
RépondreSupprimerNote of Issue Contested Divorce New York